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24 mars 2010 3 24 /03 /mars /2010 13:28

Il couche au soleil son lustre pris de lumière

Tandis qu'essaiment de vaines injonctions

Ma voix s'essouffle à son oreille guerrière

De n'être que parole au docile chaton



Il s'avance nonchalant, fier de sa liberté

Et c'est à pas feutrés qu'il revient du balcon

Son corps chauffé à blanc clamant qu'il n'a de nom

Qu'au devant d'une gamelle qui ne doit se prier



Alors il se fait tendre, quand ses yeux prennent ombrage

D'accepter la pitance, ils ont allure de perle

Et tandis qu'il ronronne, ses pattes moins sauvages

Acceptent la caresse sur sa belle robe merle



Sitôt rassasié, il retourne à son mythe

D'être chat noir friand de sa seule franchise

Il se coule dans les livres, encre noire maudite

Son regard demi-clos sur mon monde de Pise



Car il sait, j'en suis sûre, toute la frivolité

De n'être qu'hominidé en supériorité

Ses oreilles à l'affût des moindres vanités

Laissées dans les méandres de notre réalité


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Lola

24.03.10

Retour sur Les Feuilles du Lilas

Retour à Des Saisons, des Amours

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20 mars 2010 6 20 /03 /mars /2010 12:40

Vanité, lorsque tu souffles maudite

Sur les rivières écloses de mon âme fébrile

Assourdissante clameur,

En mon regard tu poses


Des croix, par centaines, juchées

Aux monts de grandes collines

Mon horizon rompu

Dans ses paroles divines


La nuit est à l'aveugle d'un sentiment rageur

Lorsque tu mets ton corps au-travers de ma route

Il ne reste que cendre et gravillons perdus

De nos chemins défaits


Et tu roules splendide

Acclamée d'un miroir

Qui tremble quand je lui parle


Mais Vanité, lorsque tu pousses en moi

Les fleurs accolorées de grands brasiers de foin

Tu souffles, belle promise

Le silence que je dois


À ces croix que je sème aux sommets des collines

Lorsque s'étreignent les cieux à tes milliers de voix

Et que les horizons retombent à la rivière


Qui coule toujours certaine

De n'être le visage

Dans le miroir éteint



"La vanité des autres ne nous dégoute que lorsqu'elle offusque notre propre vanité"

F.Nietzsche

Par-delà bien et mal

 

 

Lola

20.03.2010

 

Retour sur les Jets Improblables

Aller sur Les Feuilles du Lilas

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19 mars 2010 5 19 /03 /mars /2010 17:02


J'ai toujours eu besoin d'une égérie
Muse faite flamme, faite femme
Séchant les larmes fébriles de mon âme
Guidant mes vers assoiffés de vie

Tu es torrent, je suis falaise
Plus vif que la blessure de la braise
Érodant mon esprit et mes lettres
Rien ne saurais m'être plus chère
Que la volonté de te plaire

Au delà du jeu des peut-être

Tu restes reine en mes pensées
Sibylle divine, fleur d'alizé
L'Amour naquit et puis mourut
Mon cœur crevé sans toi s'est tut

Vestale, derviche, fée ou chimère
Sur quelques notes, esseulées en arpège
j'implore que mon existence, enfin, s'abrège.

Je meurs de toi comme je t'espère


19/03/2010
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19 mars 2010 5 19 /03 /mars /2010 15:58


J'ai vu le jour sous un grand chêne
Écrasé de puissance et de majesté
Nul n'as su que j'étais né
ni dieux, ni fées sur mon berceau penché
Aucune étoile pour m'éclairer
Ni goutte de pluie pour m'abreuver

La vie est pleine de promesse m'avait-on dit
Elle n'en tient aucune sans poésie
L'âme salie, le cœur trahi
Son don ne fut que mes chaines

Dans les cieux éperdus, tel goéland
Aux horizons lointains des océans
Aussi vaste que soit mes élans
Perdu dans les méandres du tourment
Je reste, encore et malgré tout, un gland!


19/03/2010

Retour au manteau de nuit
Retour aux spleens

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16 mars 2010 2 16 /03 /mars /2010 19:13


Rendez au poète le droit d'ouvrir ses ailes,
De parcourir encore les faiblesses de vos coeurs,
De les broder de merde, de les couvrir de l'or
De l'aura mintutieuse que les siècles ont posé

A ses pieds révoltés, le voilà qui s'emballe
Lui qu'on félicitait de chanter les victoires
Lui qu'on remerciait de prendre sous sa plume
L'ignominie des bêtes pour faire visage d'homme

A chaque poète qui tait l'empreinte de ses mots
C'est l'humaine servitude qui va plus en avant
A qui pourra vous dire que la médecine régule
Le poète se crève de votre endoctrinement

Il avait dans ses mains le pouvoir d'être un homme
Au delà des visages, ses verbes cueillant vos larmes
Rendez donc au poète la force qu'il a donné
Rendez-lui société, et puis sa dignité

L'albatros a donné à l'homme ses rêves de grand large
Il a fini voilier d'une mouette demi-barge...

Lola

16.03.2010

Retour aux Révoltes
Aller sur les Feuilles du Lilas
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15 mars 2010 1 15 /03 /mars /2010 21:27
Elle se foutait un peu des têtes qui se tournent
Et jouait ses rubans pour que toutes se retournent
Pour qu'elles s'immobilisent, au moindre mouvement
Sur sa poitrine, vibrante, comme prise par le vent...

Elle avait, dans les yeux, la chaleur de la flamme
Et les lueurs vives des amants pris au piège,
Au pièges de ses charmes, elle qui était si femme,
Elle qui jouait du feu autant que de la neige...

Ses bras qui retombaient, la douce tetrapède*,
Quand son cœur dégelé laissait couler ses yeux
D'une perle de larme luisant sur sa peau tiède,
La douce tétrapède* faisait quelques envieux...

Un instant, parfois, elle retenait ses peurs,
Pour se brûler la peau, pour se bruler le cœur,
Pour se jouer du temps, pour vivre toujours plus fort,
Pour poser un demain qui l'arrache de son port.

Elle a fini Sirène, dans un bar à marin
Elle qui rêvait d'une chasse, au trésor, au destin,
D'une dernière scène avant l'appareillage
Une dernière scène, coupée lors du montage.

*Tétrapède : à quatre pieds...

Lola

15.03.2010

Retour sur Des Saisons, des Amours
Aller sur Les Feuilles du Lilas
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15 mars 2010 1 15 /03 /mars /2010 19:14

-

Ils m'ont usée, les soleils francs trompeurs,
Désabusée, j'ai jeté mes langueurs
Sur des rafiots qui prenaient l'amertume
Et les couleurs alambics de ma plume

Si j'ai vidé quelques tonneaux de rhum
En espérant les routes pavées de Rome,
J'ai rien bravé, si ce ne sont mes restes,
Et sans boussole, pas même la moindre peste.

J'ai tenu bon, parfois jusqu'à plus soif,
A m'accrocher aux poussières d'une coiffe,
A la relique d'une Bible consummée...
Si j'ai creusé sans avoir à tomber :

Je suis trop bien à garder mes sourires
Et mes étoiles, en d'égoïstes prises,
Dans le ciel bleu, à mes yeux seule chemise,
J'ai rien tracé du bout de mon empire.

J'ai rien écrit qui ne soit mieux que moi,
Sans avancer, pour protéger le roi
D'un échiquier, j'ai joué mon destin,
Les tours tombées, le cheval sur les reins;




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14 mars 2010 7 14 /03 /mars /2010 22:55



A mots tordus, j'ai esquivé le ciel

Et toutes les fourberies d'un monde laissé aux flammes

J'ai joué de ma plume pour carresser le vent

Pour battre la tempête, avant qu'elle ne me prenne



J'ai tiré du caveau les morts, j'ai eu leur peau

J'ai craché quelques mots pour attiser les âmes

Pour leur tourner le dos, j'ai écrit en toutes lettres

Ici s'arrêtent vaincus les fantômes d'une fillette



A mots, torts dus, à morts tordus,

J'ai trempé d'autres ancres à l'ombre de mes mots

J'ai laissé couler l'encre à l'ombre de ma plume

J'ai gribouillé mes peines sur des chiffons mouillés



J'ai fait papier d'enclume, les jetant à la mer

Comme les poupées défaites à prendre la bouteille

Noyées par les sanglots, quand monte l'amertume

De n'être volée de mots, amoureuse et candide



Je chantais tous les soirs, que la lumière vienne

Jamais fût-elle étoile, quand mon ciel était noir

Qu'elle brûle mes regrets, je n'avais qu'un seul souhait

Qu'elle embrase ma peine, que mon printemps revienne...



Mon étoile était jeune, sa lumière trop vive

Et si pleine d'espoir qu'elle a perdu mes mots

Qu'à mots perdus retiennent une poignée de voeux

Qu'à mots tordus dépeignent qu'il n'est pas de vertu



A déposer les torts sur des étoiles vides

Comme je trace quelques rimes sur des contrées arrides

Comme j'ai laissé le monde se mourir à mes yeux

Quand l'encre aspire encore à le remplir au mieux...



A mots tordus...

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10 mars 2010 3 10 /03 /mars /2010 21:33

Elle était de ces rives qui jonchent le silence

Et qui s'éclatent soudaines-

Contre les roches froides;

Son corps peut être l'abîme d'indolentes mouvances,

Ou le sanglot contraint de rumeurs innocentes.

*
Elle était la chair molle des mers battues du Nord,

L'écume envahissante quand la tempête gronde

Et le varech poussif des eaux de l'inconsciente.

*
Elle était le corps noir des poupées-cheminées;

Le murmure des voilures au large de mes ramures.

 

Son corps était l'abris de mes amours noyés.

-

Elle était son corps fou quand le printemps retombe.

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9 mars 2010 2 09 /03 /mars /2010 00:31

  BIOGRAPHIE D'UNE CONCLUSION /4  -mars 2011

 

 

Costume trois-pièces noir, chaussures à pointes carrées cuir lustré noir, manteau ample. Noir.

Crâne rasé, lunettes rondes, type intello, peau lisse, noire.

Je laisse mon interlocuteur tergiverser en soliloque au bout de la ligne, a-t-il une police, oui, non. Je m'en fous. Une seconde, je sens mes paumes monter en hygrométrie. Je les frotte dans le revers de mon manteau. Sèches.

Costume trois-pièces me salue de la tête, et m'indique une direction de la main. Sa voiture se trouve de l'autre côté du parking. Je termine avec mon client, en profite pour discrètement souffler en moi-même, paupières subtilement entre-ouvertes le temps d'en cligner.

Le soleil brille franchement, dans le ciel dégagé que seul un printemps hâtif permet. Pas la moindre grisaille, pas le moindre smog pour entraver la brûlure gaie qui semble percer d'un mystérieux espace-temps pour venir se dérouler partout ou s'accroche mon regard.

« -Comment vas-tu ? »

Ma voix se pose également franche au soleil, comme décidée à percer d'un autre espace-temps celui de l'homme qui m'attend, noire silhouette découpée sur le bitume clair, sur le ciel clair, sur un morceau de trottoir sis entre un immeuble crasse et le bâtiment de l'assistance sociale dont il est responsable.

« -Je vais bien. »

Sur le toit du gargantuesque locatif, le drapeau communal remue faiblement, dépressif; un bus passe en couinant, dégorge et engorge aussitôt de pendulaires, et repart nonchalant; un tram, invisible, lance sa voix perchée pour signaler son arrivée; une vieille femme tire sans succès sur la laisse de son bâtard de bichon pour l'empêcher de chier sur le passage piéton.

La longue silhouette noire se déplie pour me tendre un coude. Je l'esquive adroitement en tendant un doigt en direction de la voiture.

«-Ta voiture est là-bas ? »

 

Sans répondre, il se met en marche à mes côtés. Silence.

« -Je vais arrêter l'administration.

-Tu t'es décidé ? Tu as trouvé quelque chose ?

-J'ai quelques propositions. J'attends de signer pour poser ma démission. »

 

Il m'écrivait, quelques mois plus tôt, les diatribes d'un fonctionnaire. J'ai gardé le texte. L'immobilisme des autres me touche, autant que la peur du noir de ma fille.

« -Tu n'as pas pris une ride. »

Je me demande comment j'aurai pu, en l'espace de six mois, prendre la moindre ride. Je repense à celle qui coupe mon front, apparue en quelques jours, peut-être moins, une année plus tôt. Plongée dans mes pensées, je ne cherche pas même à répondre. Silence, encore.

 

« -Quels sont tes tarifs ?

-Que proposes-tu, et pour quel travail ? »

Il réfléchit un instant. Sa lèvre supérieure vient étrangement s'appuyer sur l'inférieur, comme si sa tête allait vers sa mandibule. Il ouvre la portière, me laisse m'installer sur la place passager, et me tend un livre. « L'élégance du hérisson. »

« -Il faudra que tu le lises lentement, je te connais... c'est un texte qui se savoure. »

Je pense aux piles d'emprunt qui se forment entre mon vestibule et le pied de mon lit. Lire.

« -Un pro demande 25. Je te donne 15. »

Je m'offusque intérieurement.

«-Combien de pages ?

-Il faudrait d'abord retranscrire tous mes interviews... j'imagine que ça correspond à un millier de pages. Ensuite, trier, mettre en forme, romancer... 

-Et tu escomptes quoi au final ?

-Une centaine de pages... »

 

Je m'appelle L..... J'ai cessé de prendre des noms d'emprunt depuis quelques semaines. Je travaille dans le secteur de l'assurance. Je peux y gagner ma vie, sans avoir d'engagement fixe. J'ai bientôt 28 ans. Je ne supporte pas de dormir enfermée.

Depuis quelques semaines, je vis frénétiquement la demi-douzaine de personnalités qui, assemblées, donnent une espèce de conglomérat instable. Depuis quelques semaines, j'ai trouvé le moyen de donner à chacune d'entre elle une vie et une activité propre à son épanouissement.

Je me demande si le corps est prévu à cet effet. Une vie parfois suffit à buriner le plus parfait physique en l'espace d'une décennie. Mon physique, concrètement, s'il n'est pas à plaindre, n'a pas été épargné du débauchage propre à ma condition plurielle.

Je n'ai pas pris une ride.

Lui, si les rides lui sont toujours étrangères, a pris de la vitre dans le regard. Tandis qu'il est concentré sur la conduite, je remarque sa lèvre qui suit toujours le même mouvement inversé. Il m'apparait de plus en plus baisser la tête en buttoir sur sa mâchoire crispée.

 

Je réfléchis au tarif. À vrai dire, je réfléchis surtout au travail de secrétaire imputable à la tâche qui m'incomberait si j'acceptais le tarif.

Il peut passer sous l'égide du manque de professionnalisme la misère qu'il me tend, en grand prince, comme s'il eut s'agit de ma plus belle chance de percer, ni lui, ni moi, ne sommes dupes. Il ne confierait pas à une autre personne cette tâche, qui représente bien plus qu'un simple ouvrage auto-biographique.

Je réfléchis aux heures de retranscription d'interviews, aux accents forts qu'il me faudra déchiffrer, aux connaissances qu'il me faudra engranger sans friandise.

« -Et si nous allions chercher un panini ? Je pensais que nous pourrions le manger en marchant un peu plus haut... il y a une belle promenade sous le Salève. »

J'acquiesce en souriant, politesse rigoureuse acquise tandis que dans une autre vie, je cherchais le moyen de me dégager de toute valeur intellectuelle. Potiche, mon état reposoir par excellence.

« -Jacques a fait fortune dans les assurances... nous pourrions aller manger ensemble chez lui, il m'a longtemps suriner à ton propos... peut-être qu'il appréciera te remettre son agenda ? »

Le voilà à me tendre une nouvelle carotte. Sans dire non, je reprends la direction de la conversation.

 

Ainsi nous mangeons, finalement confortablement installés sur un morceau de prairie sèche, entre le pied du Salève qui domine de son corps roussi la campagne encore sombre, et la vue dégagée jusqu'au Jura, qui accroche un mince filet de nimbus à sa crête.

Nous badinons, sans longues phrases, au sujet de nos progénitures respectives, du temps magnifique pour la saison, de la mort des ruches. Il tente d'accrocher mon regard. Je ne le vois pas. Il me répugne atrocement. Il représente, à ce moment précis, toute la répugnance que je puis porter à l'être commun. Il est l'archétype de l'intellectuel opprimé et celui de l'être sexuel réprimé. Il est l'intelligence prise dans le stéréotype du fonctionnaire blasé. Il est l'immobilisme contraint, l'inconscience de son mouvement. Comme son visage, mû contre sa nature pour obtenir un semblant de visage commun -et je pense alors aux canadiens animés de South Park- il se meut à l'encontre de toute nature pour révéler un semblant de nature. Et cela m'exaspère. Je redouble de badinages pour contrer le grand néant qui se déroule entre-nous, qui se déroule soudain entre le Jura et le Salève...

Une buse tournoie en hurlant au-dessus des champs fraichement semés, plonge et reprend, désabusée, son envol ; un couple de pierrides du chou volète dans la brise fraiche ; la ville se fait entendre, lointaine, étouffée.

Je me sens seule.

J'accroche l'écran de mon portable, et signifie qu'il me faut à tout prix être ponctuelle pour la séance de 14h.

Il me conduit à travers la ville jusqu'aux bureaux, standing effroyable, moquette claire jusqu'au milieu des murs, sculptures post-tanguiennes incalculables et déséquilibrées en acier poli et café-dosette gratuit. Je lui en offre grassement un. Débarquer au bureau-high-standing avec un client-high-standing avant la séance blindée du mardi, j'ose. Et j'assume superbement le rôle de la femme sur-affairée.

« -Quand nous voyons-nous ? Samedi ?

-Avant mardi prochain, je n'ai aucune disponibilité.

Je le congédie, poliment, en le raccompagnant à son véhicule. Il me laisse encore un rouleau plastifié.

« -Un Giger ?

-Un Giger. »

 

Je m'appelle L.... Je vis quelque part entre le Salève et le Jura, sous les hospices de la toute puissante confédération hélvétique. J'ai arrêté de croire, quelque part entre le Salève et le Jura, que je pouvais m'étreindre d'une autre intelligence que la mienne. Il y a huit mois, un être a cherché Dieu quelque part entre mes jambes et mon inconcevable vision du monde. Il ne s'y est pas perdu. La vérité, c'est que je n'ai rencontré aucun être de plus de quatre ans qui ne se soit pas perdu en lui-même, qui n'ait pas forcé son visage à se mouvoir contre sa nature. Il y a huit mois, je croyais en l'être homme parce que je croyais en moi. Il est à la fois anodin et effarant de constater que l'homme ne mérite pas plus de croyance que mon chien, qui s'essaye, depuis quelques semaines, à sourire.

 

Tard, j'ai déroulé avec précaution la relique. Le Giger s'est étalé de toute son impudique voracité sous mes yeux. Il affichait les sexes maltraités de femmes bio-mécaniques, leurs viols machinaux.

J'ai ri.

Le cynisme n'est plus de mise.

 

""Elle courait.
Ses pieds dévalaient la pente, elle avait remonté ses jupes à mi-cuisse, le souffle court elle ne sentait ni la brulure dans ses poumons, ni la fatigue.
Elle courait.
Du village parvenait l'odeur âcre d'un brasier ignoble, déjà la fumée lui prenait la gorge, elle courait, plus vite, plus vite, il lui fallait rejoindre son fils, le village, plus vite.
Alors elle courait.

Des femmes, des vieillards, des enfants venaient à sa rencontre, la croisaient, en courant dans l'autre sens. La fuite. La vie.
Sa vie étaient en-bas, dans la vallée, dans le village d'où remontaient paniqués des habitants rescapés, blessés. Elle passait les fuyards, entendaient à peine leurs avertissements. Son fils. Son fils était resté au village, il était le dernier de ses enfants. Il était alors toute sa vie, elle courait alors pour lui à la rencontre de la milice et des hommes à machette.

Un dernier homme debout, le bras coupé au coude, tenta de la retenir. Il n'y a plus personne, sauve ta vie, fuit."

 

Aller sur Les Mots de Lola

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