J'ai vu le jour sous un grand chêne Écrasé de puissance et de majesté Nul n'as su que j'étais né ni dieux, ni fées sur mon berceau penché Aucune étoile pour m'éclairer Ni goutte de pluie pour m'abreuver
La vie est pleine de promesse m'avait-on dit Elle n'en tient aucune sans poésie L'âme salie, le cœur trahi Son don ne fut que mes chaines
Dans les cieux éperdus, tel goéland Aux horizons lointains des océans Aussi vaste que soit mes élans Perdu dans les méandres du tourment Je reste, encore et malgré tout, un gland!
Tellement de sel et tant de larmes Tellement de peine et tant de drames Tellement de voix dans mon linceul Suis-je donc le seul à être en deuil?
Et quoi? Est-ce là ma punition? Qu'il n'y est aucune autre solution? Que d'aventure, il n'y est que déconfiture? Est-ce moi que la vie défigure?
Soyons fou, qu'importe, j'ai peu vécu. Vivre au plus vite et vite périr Estomper le soleil, ton regard s'est tu Pleurer, crier, mais ne plus rire Libre, simple, moi, vide et nu
Baladin céleste, boutentrain funeste A la source où s'abreuvent les égarés J'irais vomir mon encre et mon sang Noyant mon âme aux ondes desséchées Manger le sables des rêves d'antan Oublié là, mes ires pantelantes Chanter les fées perfides et sifflantes
Aux feuillages mordorés, j'accrocherais ma peste Aux lueurs de la lune, le corps pendant Balançant de gauche et de droite Bercer de pluie aux heures moites Hochant doucement aux grès des vents Les mains crispées, le col tordu La panse percée, les bras fendus Flottant dans l'air: un chant de misère Suintant des chairs: ces quelques vers
Merveilles des astres sur la terres descendues, Clarté aux milles étoiles viennent perlées Sur vos joues lorsque la joie trop immense Vous emporte vers des cieux pour moi inconnu Lumière de vie, obscure passion qui me pousse Par tant de mélancolie vers l’envie de vous. Étranges ombres aux corps fluides et doux Comme la mousse sur la peau. Vide ce calice de ses semences Et sur ce, entrons en effervescence Pour que la vie soit immense Vive l’enfant de la nuit Qui ose toujours sans bruit Demander—enfant gâté— Ce dont l’envie le presse Ce dont la vie l’empresse A vous merveilles de lumière Vous que l’ennui n’oppresse pas Vous Vous Vous...
Se peut-il, que dans ces rues sans nom Vous vous perdiez, parfois, avec raison? Que vous apportent donc ces ballades feutrées Où le temps et l'espace semblent s'être éclipsés
J'y trouve, ma foi, le repos et la paix. Un silence, un manteau, en fait: la sécurité. Je m'y sens à la fois Homme et benêt C'est dans cette solitude que je me repais
Seriez vous, par hasard, une étrange créature? Vampire peut-être? Comme c'est troublant, De vouloir être un sot, et un Homme ce faisant!
Je n'entends rien, mon pauvre, à vos conjectures je n'ai que l'émotion mélancolique Et me plais dans ces ambiances poétiques
Il est en chacun de nous des rêves meurtris Des démons que nos âmes habitent et protègent Des femmes souriantes aux regards d'agonies Des plaies que l'angoisse et la folie allègent
Nos vies ont un goût de solfège Pleines ou déliées, en bémol, Déchaînées S'étalent sur le papier en notes colorées En quelques temps esseulées, enfin s'abrègent
Simulacres déguisés qu'égrènent les vents Rions ensemble à la table des chagrins Crions souvent dans le satin de nos écrins
Pleuront encore à l'aube de nos châtiments Aux esprits torturés, aux danseuses assoiffées Je ne suis qu'une ombre qui s'est ensoleillée