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1 avril 2009 3 01 /04 /avril /2009 01:00
Ce blog vous a plu, déplu, n'hésitez pas à laisser une trace de votre voyage .

Les Tisseurs d'Ombre vous remercient de votre passage et vous souhaitent un bon retour à la réalité.
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1 avril 2009 3 01 /04 /avril /2009 00:00
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JE VOUS SOUHAITE, CHERS LECTEURS, DE VOUS Y RETROUVEZ !

BONNE LECTURE,

LES TISSEURS, PERDUS DANS UNE SINGULIÈRE TOILE.
















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21 juillet 1983 4 21 /07 /juillet /1983 11:11

 

 

 

LA MEMOIRE DES ANGES

 

Si Dieu mourait à chaque mémoire bafouée

 

 

J'avais quelques mois lorsque je me mis debout. Cette stature me permettait hauteur d'homme, hauteur de table, hauteur de toutes mes prétentions, hauteur de toutes mes espérances. Car, couchée ou sur mes genoux, je me trouvais trimbalée entre bras, visages, et poussettes, chaises, lits, tapis, couvertures, et canapés. Or, si la moquette, où ma bave se répandait, mon petit visage absorbé par les reliefs ocres et marrons des poils épais, m'avait suffi un moment, si les brins de verdure, dont les verts me fascinaient, et que je mâchais allègrement, dans l'odeur amer, acide, et humique de la terrasse valaisanne, m'avaient occupée les premiers mois de ma vie, il y avait eu, déjà, à mon goût, bien trop de gestes intransigeants à mon égards.

 

Ainsi, j'avais pris la décision de me tenir sur mes jambes, imaginant naïvement que de cette hauteur, je serai en mesure de récupérer ma liberté.

Car j'étais née libre et l'égale de mes grands semblables, et ne comprenait pas qu'ils puissent à ce point ignorer ma nature, faite de curiosité, de découvertes, et d'incomparables envies d'envol.

Je profitai du début de la saison estivale et des pentes ardues de mes combles pour m'élancer, la montée me permettant, magique, de me redresser, la descente laissant mes jambes, simplement, rattraper le poids infime de mon corps. Sensation extraordinaire, j'égarai quelques heures le regard possessif de ma mère, et mon père, dépossédé déjà, portait un sourire merveilleux face à sa panique.

Pour dire, quelle déconvenue lorsqu'il me fallut, en septembre, retrouver les trottoirs lisses et plats, durs et rugueux, crasses et cruels, de ma cité d'origine...

 

 

 

Malheureusement, j'appris vite à m'attacher aux longues jambes maternelles, son regard et ses mains intransigeantes m'obligeant à rompre d'avec mes illusoires escapades physiques.

Je prenais donc la décision de m'échapper d'une autre manière, mon langage à peine fonctionnel, et dans mon imaginaire, mon silence pour le protéger, m'attachais au regard des grands oiseaux sombres qui planaient, si haut, dans le ciel, si particulièrement bleu, de mes montagnes.

Les grands corbeaux, alors, étaient encore visibles, en couples serrés, en individus sans frontière, et se perchaient volontiers aux abords de notre demeure, dans les grands mélèzes, pris de leur parure automnal.

Le bleu roi, et l'or, et le noir, furent ainsi nommées Liberté par la petite sauvage de treize mois que j'étais, récupérant doucement les habitudes citadines, tandis que mes jambes, précoces, prenaient en force sur les terrains clos et plats de ma résidence hivernale, où une nouvelle fille vint me rejoindre, en octobre, poussée par l'insatiable besoin de contrôle de notre génitrice.

Avait-elle compris que je n'étais pas de nature malléable ?

Cherchait-elle, encore, à rompre mon père en d'inavouables férocités manipulatrices ?

 

Pour ces questions, je ne peux me résoudre qu'à mes propres souvenirs, elle décédée à trente-sept ans, et mon père, émotif et rationnel, se forçant à nous laisser notre deuil, dans une colère alcoolique sans borne, écrasant nos corps de coups, mais sans jamais tenter de nous dissuader d'un amour vénal inévitablement engendré par les aspects pulvérisateurs de l'amour de notre mère, repris par la douleur de sa propre mère, qui n'était plus qu'un regret coupable et qui s'ingérait quotidiennement dans nos vies.

 

Combien d'années ai-je mis à recouvrer la mémoire ? Combien de tentatives mortelles n'ont pas abouties, avant de retrouver, cachées au plus profond de mon être, les couleurs de mes premières désillusions, et les courses folles que j'entreprenais avec mon paternel, sous les reproches lancinantes de cette femme destructrice ?

 

Glorieux souvenirs.

À la naissance de la cadette, je subis les assauts d'une névrose amplifiée encore par la révolte hâtive du nourrisson.

Refusant tout contact avec le monstre, refusant toute nourriture, refusant tout repos, la chétive fillette fût délaissée des jours entiers, attendant douloureusement le retour inquiet et salvateur du père, qui s'occupait alors de son hygiène et de son biberon.

Du reste, aucune photo d'elle, avant son sixième mois, n'apparaît nul part, et si l'album familial regorge de prises indécentes de mon allaitement, le sien fût condamné par essence.

 

Car, ma mère, prise à la fois de revers par la seconde, et délaissée par le silence de la première, redoubla d'effort pour rompre le seul être sensible et contraint par ces manies.

Lui physiquement inattaquable, je fût alors, six monstrueux mois, la décharge et la possession toute trouvée. Tandis qu'il se crevait en d'interminables allers-retours, en d'interminables heures d'angoisse, elle, terrible, me rompait physiquement, incapable de me rompre d'une autre façon, mon ciel et mes oiseaux noirs présents envers et contre toutes les douleurs et tous les barreaux du monde.

Il y eu, après tant et tant de coups, l'ultime décharge : une mise à mort échouée par chance, moi, âgée de vingt-et-un mois, jetée violemment contre le bois de mon lit-prison, mes cervicales glissées, mes épaules prises de revers.

La douleur physique n'a pas de mémoire.

Et j'en remercie mon corps.

 

C'est la génitrice de ma mère, forcée, qui finit par prendre en charge la petite chose colérique, et une année durant je perdais de vue ma sœur, me poussant, jour après jour, à l'oublier, notre révolte commune dans le même mouvement, et ma mère, obligée, finit par calmer ses assauts afin de récupérer sa chair.

 

Combien de preuves m'a-t-il fallu pour me souvenir ?

Combien de gestes auto-destructeurs ai-je commis pour ne pas me souvenir ?

 

Aucune trace d'aucun contrôle pédiatrique, l'accident intolérable fût contraint au silence.

Je prenais la décision, poussée mais encore sans mémoire, après des années de faiblesses, torticolis, maux de tête, pertes de sensibilité diverses et variées, d'aller chez un orthopédiste, qui pris grand soin, à la sortie des radiographies, de me faire admettre qu'il était impossible de déterminer la cause et l'ancienneté des traces de fissure présentes sur les os de mes épaules, ni l'origine naturelle ou accidentelle de la croissance biaisée de J1, la fondamentale base cervicale, qui, de fait, se trouve construite davantage dans un losange que dans un rectangle, provoquant son glissement à chaque effort quotidien ou tension nerveuse.

 

Si les meurtres physiques s'étaient tus, c'est moi-même qui était la cible, ma sœur revenue, des tentatives infanticides. Intolérante à l'égard de l'enfant qui lui avait été retiré par la famille, elle se gardait bien de nous écraser sans mesure, les claques et punitions variées rythmant notre quotidien.

 

Dès son retour, la cadette refusa la nourriture. Ma mère, ignoble, la gavait alors de force, provoquant étouffements et hurlements à chaque repas, me forçant à ingurgiter moi-même le contenu de mon assiette au plus vite. Je fuyais alors la table, demandant à aller me laver les dents, ce qui provoquait la joie de ma génitrice.

Cependant, je prenais du poids, et elle profita de nombres invitations pour me rabaisser, clamant ouvertement que j'étais grasse, et que je me passerai donc d'une part égale de dessert, coupant à chaque fois dans mon assiette la moitié des délices sucrés pour les rendre au plat.

Et se furent mes envies de ballerine, moi si souple et légère en mon âme, qui furent le point de pression le plus douloureux de mon enfance, ma mère, moqueuse, soulevant mon pull : « Tu aurais honte de ton corps, c'est intolérable ».

Ainsi ma légèreté s'en fût, lorsque j'avais trois ans et demi, définitivement de mon enfance.

 

Pour mes cent-soixante centimètres, je pesais ainsi, lorsqu'elle mourut, plus de septante-sept kilos, et tombai, après mon départ précipité du domicile monoparental à l'âge de dix-neuf ans, pour presque cent-huitante centimètres, à moins de cinquante kilos.

 

Je n'ose davantage étaler les conditions ignobles de ma croissance.

Non qu'elles insupportent, je les ai remises à leur place, et ne nie plus rien de ce monstre qui fût ma mère, et qui laissa, emportée trois fois par trois cancers consécutifs, trois enfants, un petit garçon venu compléter la servitude paternel cinq ans après ma naissance, démontés, le père lui-même incapable de pardonner, et pourtant, tout dans l'amour résigné à ma mère, tout dans l'amour résigné à son rôle protecteur et nourricier , tout dans l'oubli et dans la colère, auto-destructive et incapable de récupérer Ses enfants, qu'il ne pu, évidemment, pas retrouver, tant les premières années furent au seul contrôle de ma mère.

Entre lâché-prise et révoltes, l'alcool et les coups furent ses seuls langages.

Je ne dirai rien de plus.

Ma fratrie réclame l'oubli, encore, peut-être toujours, et je ne puis aller à l'encontre de ce besoin destructeur, ô combien révélateur à mon sens, le seul qui me convienne, et qui probablement ne conviendra, d'entre nous trois, jamais qu'à moi.

Ils haïssent encore le seul visage qu'ils puissent haïr en-dehors d'eux même.

Pousser alors au souvenir risquerait de les tuer, risquerait de me prendre le seul moyen que j'ai de les soutenir. Rester droite, et dans le silence.

Une tombe.

Et mon père, le premier, s'y recouvre entier.

 

Combien de souvenirs pour récupérer le dieu soleil de ma première année ? Pour récupérer les courses libres ? Pour récupérer le regard clair et aimant ? Combien de psy, tous dans le présent sans jamais revenir sur mon amour à ma mère, convaincus du coupable dit en mes propres mots, mon père ? Car ses colères laissaient des traces visibles, l'abandon qu'il finit par nous offrir nous mena entre foyers et rues, tandis que l'ignominie pardonnable de ma mère n'avaient laissé que le silence et l'oubli, sa mort prématurée nous poussant à un amour sans ombre ?

 

La mère de ma mère elle-même décédée, je ne pourrai jamais être certaine de l'origine de sa démence. Mais je sais, profondément, que le monstre ne naît pas sur terre. Il naît dans le massacre des mémoires, dans l'abnégation fondamentale de l'être libre et combien puissant et égal qu'est l'homme dès sa conception.

 

Alice Miller avait raison.

Et moi...

Je suis un Dieu, comme vous et moi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quelques notes plus douces

Pour croire en si demain

Sous nos paumes que l'on pousse

À se joindre un matin

 

 

Il avait son visage

Éteint

Sans fin

Et de chaque horizon

Serpents

Si fins

Leurs langues

Glissantes

Jusqu'au sombres langages

Les yeux sont creux

Ils parlent de lui-même

Retiennent pris à l'os

L'image toute semblable

 

Un autre visage éteint

Reproduisant sans fin

Les orbites luisantes

Les os parfois cuisant

Les phares d'un toujours creux

Qui se cache vaniteux

 

Au plus profond de lui-même

Sa langue dit de même

Parle de toutes faces

Sous toujours la même face

 

Jamais ne change

La guerre est en moi-même

Sous millions coups de pioche

Et même jusqu'à l'os

 

Inconscience maladive

D'être semblable au pire

De chercher l'avenir

Sous les peaux et les roches

 

Sifflent les bêtes sordides

Les longues décharnées

Ressacs et volontés

Des culpabilités

 

Il me faudrait fouiller

En dehors de mon crâne

Aimer la bête lisse

Qui sans cesse me glisse

Entre les doigts

 

Attraper mes phalanges

Les forcer à me rompre

Briser tout mon entier

Pour enfin me répondre

 

Je ne suis plus dehors

Qu'un spectre dépassé

Les autres qui sont morts

Je les ai délaissé

 

J'ai touché à mes doigts

Ma langue s'est perdue

J'ai fouillé devant moi

Pour me tirer dehors

 

Il peint la guerre dehors

Son cœur est mort

Il cherche peut-être encore

Une porte sans ressort

 

 

Il peint la mort dedans

La guerre qui porte la mort

La mort qui peint la guerre

Et lui si froid qui dort

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Demeure.

 

Le Néant, et l'Eternel Agitateur, à la fois le Supérieur et l'Inférieur, demeurait.

Il donna et pris la Solution.

L'Origine ainsi le fit, et ainsi fût faite.

 

±0

 

Origine

La Solution

 

Cela ne se nommait pas, et cela portait à la fois les noms de toute chose. C'était Le Résolu et l'Absolu.

C'était le Stable.

 

En Infini le Stable était à la fois le Supérieur et l'Inférieur de L'Eternel et de l'Agitateur.

 

 

±1

 

Entité

Le Gage

La Science

Le sens premier : le Sentiment.

 

L'Eternel Agitateur, Inconscient de Conscience, s'engagea alors dans la Solution, qui s'imprégna du Sens Premier que l'Eternel portait en lui, lui donnant le Ressentiment et l'Assentiment, et l'Agitateur, Conscient d'Inconscience, s'en dégagea, libérant la Solution de son Sentiment, laissant à la Solution son Sentiment, donnant à l'Origine la Conscience et l'Inconscience d'être Unique, donc Seul et Solitaire.

 

Et ceci donna l'Être, ceci donna UN et son contraire.

UN était l'Instable.

Un ne demeura pas.

Il était à la fois le Supérieur et l'Inférieur de l'Origine.

 

 

2

L'Energie.

Les sens seconds : la Vue et la Mémoire

Le Spectre : l'Aspect et le Respect

 

 

Entité, Solitaire et Seule, creusa alors en elle-même pour porter le Sentiment, et dans une Addition de lui-même, Un fit l'Energie, la Lumière et son contraire, le Temps.

 

Ceci donna le Spectre, la Vue et la Mémoire, et ceci donna l'Aspect et le Respect.

Le Spectre était le Supérieur et l'Inférieur de l'Entité.

 

 

3

 

 

Les énergies jumelles et contraires que DEUX contenait, cherchèrent alors à se soustraire l'une à l'autre, Soustraction tout à la fois Origine, Entier, Mouvement,

Cela fût et fit le trois, Ainsi, le Son, fut créé, projection de vint, premier et Un ne garda que l'Inconscience de Tout, et Deux ne garda que la Conscience de Tout, soustrayant alors de leur chaque entier l'autre, et la Matière et son contraire, l'Anti-matière, et le Son et son contraire, le Silence, nés des deux, conservèrent en leur sein l'impression des deux à la fois, continuant de croître, exprimant dans les contraires qui ne pouvaient simplement s'additionner pour se rassembler, ni se Presser pour se réunifier, et fût Mouvement, à la fois Impression, à la fois Expression, dans la controverse de l'alliance si terriblement destructrice, si magnifiquement constructrice, si Tout Unique et Tous Plusieurs à la fois, si chaque et chacun à la fois en à la fois,

 

Trois, alors, à la fois conscience et inconscience, solitude et emplitude, en Trois et Infini dont le premier avait fait d'Un, Deux pour tenter de récupérer l'Amour du Dieu des dieux, dont il ne restait en Trois seule qu'une infime parcelle ressentie, Trois Imprima Multiplication, et Exprima Division, dans le Mouvement tendant à l'infini de récupérer l'absolu Amour, puisque Un avait donné Deux pour y parvenir, cela devait être le But, de ces deux opération tentant de trouver dans l'infini Alors trois se divisa à l'infini, Matière Unique se faisant, en s'éclatant, chaque matière.

 

et pour la combler, Trois pensa multiplication, allant ainsi à l'infini des multiple d'une part ressentie amour, un absolu entier Amour.

 

Alors trois se divisa à l'infini, Matière première se faisant chaque matière,

 

 

 

 

 

 

Mon cœur enfin confiant, ce sont des larmes claires

Une maison pleine d'enfants, sauvages, et qui tant s'aiment

Qu'ils ne sont pour les autres que rires et raisons

Toutes aussi en lumière dans chacune maison

 

Alors je vais en paix, dans l'avenir si lourd

Qu'une poignée d'illusion retient à sa misère

Je pousserai des enfants à croire en leur pardon

A croire en leur raison, la seule qui me parvienne

 

Et d'enfant en enfant, les autres dans leur guerre

Se demanderont peut-être comment passer sur terre

Sans rompre et sans blesser la plus belle rencontre

Leur chair enfin au cœur de toutes les chansons

 

J'écrirai à nouveau, dans les cercles des cercles

De tant de beaux visages, de tant de grandes maison

Qu'elles n'auront plus de portes, chacun pris en lui-même

Sans crainte et sans regret, aux autres pris de même

 

Il nous faut tant de gestes, tant de force et d'amour

Pour briser sans souffrir les chaînes d'illusion

Les mots lancés au même qu'ils frappent ou qu'ils rassure

Enchaînés à nos monstres, ils ne peuvent plus y faire.

 

Il nous faut tant de force, d'amour et de raison

Que les mots si ballants nous rendent défaillant

Chacun allant se faire dans l'exemple raison

Son cœur, bien qu'absent, répondant chaque jour

 

« Je n'aurai plus de chaine, plus d'autres et sans maison

A chaque carrefour ce seront cent maisons

Cent lèvres et cent regards qui tous en direction

Trouveront à mes lèvres sourire et nul pardon »

 

 

Sourire et nul pardon.

 

L. A-Z

 

 

 

 

 

 

LA PETITE FILLE AU COCHON

 

Les parents s'étaient mariés dans l'urgence, la grossesse montrant son ventre de mère, et le père soucieux de l'image ordonnée de la constitution familiale.

 

Laure était donc arrivée, cahin-caha, quelques semaines après le mariage civile, rapidement suivie d'une sœur, tombée dans la famille par manque de précaution, la lactation, décidément, n'empêchant en rien la conception.

 

Autant dire que le mariage avait été cousu de bonne volonté, et célébré sans fioriture, les moyens financiers limités et passés en langes et berceaux provisionnels.

 

Ainsi, quatre ans s'écoulèrent, et ce n'est qu'en été 87, quatre ans après l'arrivée du premier bébé, que les noces furent correctement célébrées, avec en point de mire un porcelet broché, offert dès sa naissance au couple par un ami paysan.

 

Quand le porcelet, ainsi offert, fut présenté, il atterrit dans les bras de l'ainée, amoureuse immédiatement de sa peau tendre et douce et chaude, fixée dans son regard coquin et vif, attendrie par son aspect et sa présence si proche de celle de soeur, alors âgée de moins de trois ans.

 

Il lui fut donné le nom de Julien, et déposé chez le paysan, la grosse chienne de la cour se le vit confié, les porcs déjà en élevage bien trop vieux pour tolérer un nourrisson, qu'ils auraient dévoré avant la fête.

 

Julien et la chienne passèrent de longues heures ensemble, à jouer, manger, d'abord le cochon apprenant à une vitesse folle les tours de la chienne, déjà vive, puis la chienne apprenant du cochon les tours qu'elle aurait été incapable d'imaginer seule.

 

Les parents, proches du paysan, visitèrent souvent ce duo peu commun et touchant, accompagnés de leurs deux filles. Laure aimait partir à leur trousse, ravie d'avoir un compagnon de jeu plus alerte que sa soeur, et trouvait du plaisir à chercher les glands, courir après les poules, en compagnie du porcidé joyeux, qui lui-même se trouvait enchanté de trouver en Laure un compagnon de jeu plus alerte que la grosse vieille Doly qui lui tenait compagnie quand le fermier travaillait aux champs. Car, dans l'absolu, il n'aimait rien d'avantage que les paroles douces et chaleureuses de ce bonhomme, et avait appris à se tenir assis devant l'entrée de sa maison, tandis qu'il préparait son repas, choisi parmi les restes et les victuailles fraiches du foyer.

 

Car le paysan s'était aperçu de l'originalité de la bête, et prenait plaisir à le soigner, à le pourvoir en nourritures exceptionnelles, tant que son chien n'aurait prétendu avoir été un jour traité avec tant d'attention.

 

Mais il était destiné à la boucherie, son potentiel carné d'avantage mis en valeur, après six mois de soins vigoureux, que sa valeur intrinsèque d'être.

Alors, quelques jours avant la fête, les parents, toujours accompagnés des deux soeurs, retrouvèrent une dernière fois le duo, qu'ils séparèrent vaillamment, le fermier parti se cacher pour pleurer loin de la cour, et les deux fillettes tétanisées par l'horrible angoisse du porc, à l'aide d'un sac de jute, qui, une fois plein de cris déchirants, se trouva, remuant et toujours déchirés, sous le siège arrière du Patrol, sous les jambes paralysées de Laure, qui souffrait au moindre cri de l'animal.

 

Le trajet...

 

La première partie ne fût qu'un long cri de peur d'animal, et de révolte d'enfant, outré, déchiré, par l'aveuglement de ses parents, qui répétaient que le cochon ne pouvait pas avoir peur, qu'il n'aimait simplement pas être dans le sac.

Le point culminent de l'affaire arrivât à mi-chemin, lorsque Laure, absolument révoltée, proposa à sa mère de manger le chat, ou sa soeur, plutôt que le cochon.

Une réponse vigoureuse et baffée lui signifia la fermeture absolue de ses parents à la proposition, et Laure, repliée d'un seul coup, s'imagina sautant du véhicule en marche pour stopper l'hérétique mouvement parental.

 

L'animal, lui, avait arrêté dans le même instant de hurler, et s'était mis à pleurer, presque silencieusement, et Laure, accablée, lui demandait pardon. Elle ne pouvait mourir, bien que la cause fût noble et sincère, et fit la promesse de trouver un jour le moyen de faire comprendre au monde la beauté d'un animal aussi injustement traité.

 

Dans l'abnégation de ses parents, le cochon mort, bouffé et fêté sordidement. l'assiette de la fillette pleine qu'elle fût obligé d’entamer avant qu'une main secourable ne se permette de venir divertir les parents de son sort, la fillette décida, incapable d'admettre la seule raison parentale, d'apprendre ailleurs d'autres réponses. Elle se mit à lire, rapidement, tant et si bien qu'au Noël de la même année, âgée alors de quatre ans et cinq mois, elle parvenait à déchiffrer les livres de la bibliothèque familiale, presque en secret. Ce qu'elle trouva alors de contenu l'obligea au silence, presque grotesque. La naïveté l'avait poussé à croire que la bibliothèque parentaler contenait d'autres raisons que la raison parentale, et son âge, et sa condition d'enfant, la poussèrent, jour après jour, à refuser la confiance qu'elle portait en et à son coeur.

 

Le paysan, touché, ne produit jamais plus de porc, et la chienne, blessée, se laissa mourir en quelques mois.

 

Laure, silencieuse, parvint à son premier jour de classe. L'éducatrice demanda à la mère si l'autisme de sa fille ne demandait pas quelques soins, Laure marchant automatiquement dans le fond de la salle au premier jour, en direction des puzzles, plutôt qu'allant à la rencontre des élèves si beaux et si joyeux qui faisaient classe. Elle n'avait plus qu'une chose qu'elle n'avait pas du anéantir, sa logique, son plaisir à résoudre des puzzle, les autres, si autres, forcément pris dans le même délire que ses parents, et finalement, elle, si elle, forcément dans l'erreur.

 

Il lui fallait rallier cette optique de l'animal pour ne pas se jeter d'une voiture, pour ne pas sauter d'une fenêtre.

Parce que, en plus d'aimer un cochon d'avantage que sa soeur, Laure se découvrit suicidaire, et son envie de mourir, face aux autres, lui semblait profondément méchante, mal, mauvaise, inappropriée.

 

Insomnies, boulimie, son corps refusait dorénavant de suivre les ordres parentaux, le coucher et le repas point de mire d'une éducation pédagogique douce, et son vocabulaire exponentiel brimé par la révolte, elle se contentait d'exprimer en quelques mots ses besoins, et ne posait plus aucune question, ne cherchait plus à comprendre... elle lisait, toujours autant, mais dans l'optique de se remplir de l'émotion et de la "vérité" normale, et le faisait avec tant de méticulosité, acceptant de prime abord le moindre ordre supérieur, qu'elle passait pour sage et sans problème, à peine fermée sur elle-même, à peine touchée inattention, tandis que son cerveau, dorénavant, le cœur fermé, seul maître à bord, élaborait de longues et monstrueuses solutions pour parvenir à se rallier à la norme.

 

Ne pas succomber, tandis qu'à cinq ans ses camarades de classe s'amusaient avec les vers de terre, elle détournait le regard, consciente de l'importance et de la magnificence de la vie, et se répétait que, dans cette mascarade, elle trouverait un jour de quoi vivre sans se soucier de la vie, puisque les autres étaient tous du même avis, et qu'elle était l'étrangère qui devait s'adapter... puis la différence qui fallait adapter.... puis la folle qui devait se guérir.

 

Jamais.

 

Bien des années plus tard, dans un geste absolument lucide, elle s'autorisa la mort. Un manque de confiance chronique l'avait envahie, doutant d'elle-même, les autres tous regroupés sous le même étandard, contre elle-même, qu'elle même cherchait encore douloureusement à bannir de toute existence.

Les questions essentielles s'étaient accumulées, les doutes l'avaient envahie, et, malgré sa sensibilité si juste, elle ne s'autorisait plus aucune vérité.

 

Toujours.

 

Regardant la mort dans les yeux, dès ses quatre ans, elle avait chercher dans l'absolu ce que la vie des hommes ne permettait plus en terme de naturel émotionnel et social.

Elle avait cherché dans les textes, mais, trop tard, avait ouvert le philosophique "Monde de Sophie".

Cinq ans au moins depuis Julien s''étaient écoulé, et elle avait tant réprimé, tant cherché la Vie dans la sordide raison commune, que cet ouvrage la mena, jour après jour. à la compagnie blessée et sombre des auteurs morts dans la résignation, plutôt qu'à ceux de la célébration.

 

Ainsi, le sort d'un porc se noua au sien, le sort d'un porc se noua à celui de tous les les Hommes, la vie d'un porcelet, si tendre, si chaud, si vif, se noua à sa première prise de conscience.

 

Aujourd'hui, forte de vingt-huit années de déchirures, forte d'une mort manquée, et d'un vie qui commencée à peine, Laure, bien en peine à ce jour de haïr qui que ce soit, y compris le boucher qui signifia, le jour Terrible, que la viande serait bonne au vue du coeur qui avait été mis à sa formation, l'enfant coulant silencieusement sa Terrible résignation à l'arrière d'une voiture, Laure, si elle n'eût qu'une chose à demander au monde, qu'elle était dorénavant en mesure d'affronter de toute son âme... cette chose aurait été de plier le monde pour qu'il s'effraye de l'injustice liée à l'élevage porcin....

 

Une chose.

 

Mon destin n'est pas sur ce combat....

 

 

L'homme aujourd'hui traite l'enfant de façon si sordide, qu'il se refuse tant sa propre enfance, sa réelle conscience, si pure.... si tendre... si chaude...

 

Que reste-il de notre capacité naturelle à communier avec le monde ?

 

Que nous reste-il de notre confiance, de notre communication ?

 

Il ne reste que des enfants blessés qui cherchent à avaler des frères, des cannibales, des parents...

 

 

* Vincent mon Amour, ma décision de ne plus écrire, de ne plus toucher mots, tu en trouveras la raison sur le blog, que je n'efface pas pour certaines raisons que j'ai trouvées en passant d'un côté qui n'appartient pas au temps.... je n'écris plus...

Les mots...

 

Je continuerai à t'écrire, autant que tu m'aimes, parce que ma sincérité, aujourd'hui, passe pour folie, et cent fois par semaine les autres se détournent de moi. Ils sont mon enfant Laure blessé qui se détournait de son cœur pour survivre...

Ma raison, la seule, est ma fille, si brillante, si douce, si magnifique, qu'elle pliera certainement le monde à la raison de la gamine au cochon.

Si tu la voyais....

 

Elle m'a retourné sur moi-même, m'a forcé à rallier cette enfant que j'ai démolit pour ne pas laissé suicidée...

 

... Je suis forte... parmi le monde, j'ai trouvé d'autres consciences prêtes à me soutenir pour elle...

 

Et je peins, et je crée, et je touche à toutes les matière, le faire si proche de l'aime, le faire si proche de l'être, que les mains, douées, touchent et parlent et communiquent et lient les deux à la fois...

 

Et j'en vivrai, sois-en sûr, j'en vivrai, dégagée de tout "Plaire", simplement surprise que mes dernières gouaches soient mises aux enchères entre mes proches, sans même que j'en sois prévenue... elles partaient au conteners pour laisser place, sur mon contreplaqué, à la présente, dès qu'elles éteient achevées...

 

 

Enfin...

 

:)

 

Amour

Paix

 

*ne mange pas le cochon, pitié, regarde sur wikipedia, son sang et sa chair si proche de la notre obligeant l'homme à se demander... et si... un autre... pouvait vivre pour offrir sa vie... pour la donner à l'Homme.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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