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30 janvier 2016 6 30 /01 /janvier /2016 02:11

Parce que ...

http://unpetitmondeperdu.over-blog.com/

...

j'avais décidé de migrer plutôt comme ça.

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13 décembre 2014 6 13 /12 /décembre /2014 02:52


Un océan de soleil s'offre au ciel
Pour que le feu s'en émerveille;
Ils trompent leur douce éphémère
Mais déjà l'or se montre à la terre:
Cous fatigués, feuilles jaunies, ils s'inclinent,
Comme dévots usés ou peines mutines.
Ils semblent pardonner au vent acharné
Leur ample verdure malmenée
Et s'affalent comme lapidés
Sur le champs des trépassés

Août 2003


publié 18/04/2009 22:52


Tournesols, 2014

Et nous nous sommes couchés, nous avons bu, nous avons cru
Le sol et le vent, nous avons vu la terre sous le soleil rouler
Et nous avons poussé feuille-à-feuille, côte-à-côte flamboyants
Nous nous sommes trompés le feu nous a brûlé

Et nous nous sommes touchés et nos ramures se sont pliées
Et sous nos pied la terre soudain s'est asséchée
L'eau et l'été se sont enfuis
Et sur nos têtes l'étourneau rit

Nos têtes lourdes gorgées de grains se penchent basses et le matin
La rosée glisse sur nos mains

Et nous avons semé dans les rafales des premiers froids
Sur la terre dure nous avons mis
Quelques soleils et la dernière
Feuille
Grise est tombée sous la gelée

Nous nous sommes tus nos corps fendus
Soleils dansants d'un vieil été
Nous sommes fauchés
Nous sommes fauchés
Et l'hiver chasse nos pensées

 

Retour sur Les Feuilles du Lilas

Retour sur Des Saisons, des Amours

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17 novembre 2014 1 17 /11 /novembre /2014 22:11

 

Froide le silence me grise

Et s'interpose entre l'ombre

Et la roche où je pose

Un regard

Un hasard m'approche

Une étoile ou le grain

Du grès m'accroche

Il

Scintille

Murmure lumière

Au cœur de pierre

Froide le silence se brise

Et ricoche sur l'ombre

 

Et la roche où je pose

Un regard

Le hasard décoche

Une étoile et le grain

Du grès s'étiole

Il

Scintille

Souffle poussière

Au cœur de pierre

Froide le silence la brise

De la roche coule l'ambre

 

 

Et la roche où je pose

Un regard

 

Par hasard

Une étoile

Scintille

 

Au cœur

De la roche

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8 juin 2014 7 08 /06 /juin /2014 18:06

 

Ils étaient dans les limbes

Et les limbes alités

Tenaient asile en leurs rétines

 

C'était le temps des Mobidick

Des cachalots d'Azurine

Roupillant le long des berges salines

Barges larges aux bras en lignes

Des regards bargeots aux mains on-line

Tout tenait en rien, et rien tenait au tout

Et tout allait si mal qu'un rien les rendait fou

Que d'un rien le tout semblait flou

Sur les rives border-line

Des cœurs d'un bien au mal-aimé

L'amertume sale des sacrifiés

Hurlait au bal des démasqués

 

C'était le jour des portes fermées

Après que les murs soient tombés

C'était le temps des énoncés

 

Ils tenaient compte des distances

Tous étaient comptables et tous

Alignaient des longueurs

On prenait les mètres de ronces

D'une équation au trois quart

On obtenait la constance

Des cicatrices complaisantes

Ils tenaient comptes des distances

La longueur des affluents

Déterminait la superficie d'un océan

Et Mobidick dans sa mare

Pleurait en vain les vagues en rage

 

C'était le temps des baleines blanches

C'était le jour des harponnés

La nuit sans bruit sur une mer fixées

Les heures fébriles se sont barrées

 

-

 

Ils étaient aux dieux de l'Olympe

Les figures lâches des comptoirs

Qu'on réitère désinhibés

 

C'était le temps des Aspégics

Des acouphènes allant bon train

Des qu'en dira les thons qui se font

Sirènes analphabètes des lèvres aux reins


Parmi les faux les flous sont flots

Le temps des tours de passe-passe

Passé le temps qu'on tourne

Contourne les mares
On pêche à la marée des idées vagues
Les vagues à l'âme font lever l'un
Levain des vagues les fous en vain
Se plaignent de plat

Le plat fait plein

C'est le temps des vagues et des creux
Du vide qui tanse entre les flots
Du vide qui noie comme les eaux

Des eaux qui dansent sur les bateaux

C'était le temps des Aspegic
Et puis le temps des Mobidick
Le temps des mythes, le temps des sic
C'était le temps de prendre l'eau

-

 

C'était le temps des absences

Des temporalités en créance

Du temps défait des mythes de craie

 

Ils étaient tous scriptes

Et tous s'écrivaient

De mots en synonymes abscons

Aux définitions d'argile

Pour noircir leurs murs d'ardoise

Ils alignaient des sophismes

Tous étaient notables

Et tous inscrivaient des errances

C'était le temps des fusillés

Le temps des bûches en lettre d'or

Les grands brûlés s'égosillaient

Et l'ordinaire se dispersait

 

Ils entretenaient les morts

Et les morts-même se trahissaient

C'était le temps des mise-en-tort

Le temps des mythes et des esquisses

Naissantes des doigts tétraplégiques

 

-

 

 

On les appelait temps libres

De libérés

C'était l'âge d'or des temps morts

 

Tous étaient joueurs et tous

Jouaient sur les mots

D'une équinoxe aux arrêtes sèches

Ils remontaient aux cordes raides

C'était le temps des soliloques
Le temps des ruines pavées de marbre

Aux allures folles et monastiques

Tous étaient joueurs et tous

Alignaient les scores

C'était le temps des grands discours

Des manteaux longs percés de mites

Et des rumeurs d'un autre temps

 

Tous poursuivaient et tous poursuivants

Tous s'en prenaient aux partis-pris

Et plus un seul pour son parti

N'avait de prise sur l'imparti

L'impartial tombant sans bruit

La brise seule soufflait minuit

 

La nuit c'était

Le temps des lumière seules

C'était le temps des Aspégic

Des brûleurs d'encre

Tenus au compteur

Des temps de Mobidick

Des temps le mythe

Tenus à la grandeur

Des baleines franches d'un oeil songeur

 

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28 février 2014 5 28 /02 /février /2014 17:02

1

 

I.

 

Mon cœur est profond,

Mes mains arides

Et mon sommeil envie

Les heures sans bruit

 

De vos sommeils, vos rêves

Sont des soleils et des marais

Des ombres épaisses sur vos épaules

Vos yeux dessous ont des répits

 

Et ciel sans les lumières des astres

Sans les liens qui vous maintiennent

Les corps en mouvement

Sur une terre figée

La terre se meut et sous mes pieds

Le mouvement fait les marées

 

 

II.

 

J'envie vos rêves et vos mensonges

 

J'envie vos cierges, j'envie vos songes

 

J'envie vos terres étroites et vos miroirs

Qui vous repoussent vos horizons

Dans le délire des reflets interminables

Vous projetez vos points de vue

En leurres infinis

Mais

C'est bien de la peur

Que je perçois à vos frontières

 

Je vous envie vos peurs

 

Je vous envie vos glaises

Et vos jeux de miroirs

Et vos châteaux de sables

Vos paradis et vos enfers

Je vous envie vos guerres

Je vous envie vos frères

Et vos enfants qui vous ressemblent

Que vous refaites à vos manières

Je vous envie vos mères

Les parfaites matrices

Les chaînes de vos usines

 

Je vous envie vos vices

Que vous offrez

En sacrifice

 

Et ciel, tes étoiles en mouvement

J'envie tant leurs pardons

Les lignes impromptues

Qu'ils tracent sur tes nuits

 

III.

 

Mon cœur est profond

Et mes lumières, des étincelles

Je vous envie vos permanences

Et vos frontières, vos danses

Sous mes pieds la terre en mouvement

Et sous les vôtres elle est une scène

Où vous jouez le monde

Je vous envie vos jeux, vos rires

Vos larmes théâtrales

Et vos rondes incessantes

 

 

IV.

 

Je vous envie

Mais ne vous dois

Pas le moindre sourire

Pas le moindre soupire

Pas même un mouvement

Ils soufflent de la terre

Comme elle va sous mes pieds

Et vous force à courir

Vous force à retenir

À vos corps les filins

Qui vous permettent de dire

Qu'ici vaincu j'ai posé mon vécu

 

Je vous envie vos râles, vos cordes et

Vos prisons, vos murs toujours plus sombres

Vos rondes et vos chansons

Je vous envie les soleils que vous semez

Entre les ombres épaisses de cours sécurisées

Et vos larmes et vos

Fragilités

Qui vous permettent de rompre

Quand monte la marée

 

V.

 

Ô ciel et tes étoiles comme des rondes

Comme les ombres qui naissent

Dans ta course en mouvement

Je vois ton insolence

 

Ô ciel et tes lumières dont on sait le silence

Ta course folle et tes visages

Sont comme les toiles arachnéennes

Des mythes et des croyances

 

J'envie le ciel aux visages tendres

Aux dieux inatteignables

Qui vous permettent de feindre

Les mains tendues les yeux fermés

Vous pensez donc marcher ?

J'envie le ciel des tisserands

Aux voies toutes tracées

Vos idées en latence

J'envie parfois vos yeux fermés

 

J'envie parfois votre sublime médiocrité

Vos routes et vos mirages, vos cages

Vos sommeils enragés, vos modèles enchâssés

Qui murmurent différences

 

VI.

 

Ô ciel et ton absence de mouvement

Splendide manteau d'inconvenance

Tu couvres encore sans les maudire

Les fièvres qui s'enchainent à ton nom

 

Et d'agonies en agonies

De destructions en destructions

Vois-je venir la suite

D'une même trahison ?

 

VII

...

 

2

I.

 

Je me sens l'automne

Ses lueurs résistantes

Au seuil de la démence

Quand se figent les heures

 

Ou bien qu'elle caracolent

Je me sens persistance

Les rigoles qui sombrent

Ou jamais ne retombent

 

II.

 

Sombres,

Sombres sont les seuils

Qui clament survivance

Aux royaumes éclairés

Par les cris du pavé

 

Sombres,

Sombres sont mes feuilles

Quand tombent les gelées

Au règne empressé

Des transes consommées

 

III.

 

J'ai en souci de moi le givre qui s'étoile

Les fantasmes glacés semant comme nuées

Et quelles belles nuées, les hypnoses entassées

Mais que veulent-ils de moi

 

J'ai en soucis de moi les glaces mordorantes

Qui figent et insouciancent les lueurs timorées

Poussant les flammes aux sièges

De nos tendres années

 

Non, ciel, ma résistance n'est pas dans tes allées

 

De l'histoire qui nous fait

Comme on est son esclave

J'en ouvrirai les geôles

Quitte à perdre quittance

 

Et d'histoire que l'on porte

Mon nom en somme n'importe

 

Non, ciel, ma renommée ne pousse dans tes jardins glacés

 

Ils gisent entre deux cendres

Les noms sont des soleils

Qui s'offusquent de briller

Sur les terres gelées

 

IV.

 

Sombres

Sombres sont les feuilles

Qui tapissent mon antre

Et les rumeurs avancent

Pour fondre ma demeure

 

Sombres

Sombres sont les treuils

Qui agitent mes danses

L'obscur encore retient

Ses plus ferventes transes

 

 

Non, ciel, ma passion qui s'agite

N'habite pas tes tours

Et les ailes qui me poussent

Ne cherchent ton asile

 

V.

 

Du pathos m'a conduit le fleuve de la vie

Aux rives tant aimées de notre humanité

Et tous les phares au mien on fait l'échographie

D'une terre morcelée n'attendant que l'été

N'attendant que le vol des oiseaux relâchés

 

Du nord au sud en menant mes lueurs

Comme j'ai senti l'automne, j'ai retenu l'été

J'ai retenu les vols des oiseaux enchaînés

Aux froides sinécures des terres disséminées

J'irai les relâcher sur les rives tant aimées

 

VI.

 

J'irai enfin, quand l'été reviendra

Redorer les blasons des noms ensommeillés

Je ne suis rien en somme et l'on m'y oubliera

Tandis que Babylone de ses cendres remontera

 

Ciel, non, je n'ai pas en moi la puissance mystique

Qui retient les miens aux ferveurs induites

À ton immensité si doucement dallée

De rives interdites

 

VII.

 

...

 

  3.

 

I.

Le bien pour le bien

Et les ombres laissées

Sur les ombres

Partout les couleurs

Aux milles teintes

Et le noir

Et le noir

 

La lumière et le mérite

Le mérite de la lumière

Et la nuit pour les menteurs

Et la nuit

Pour les agresseurs

 

II.

 

Le jour et les lueurs

Du rouge aux étreintes

De l’indicible

Invisible

Invincible

La chaleur

Et les peurs

 

De la couleur

Et des douleurs

Les couleurs

Et l’obscur

Les étoiles

Et les moires

Le murmure

D’une étoile

Le silence

D’une absence

 

Et le noir

Et le noir

Le noir le mazout les rumeurs

Les mains fermées

Le cœur en berne

La peur

 

III.

 

Mon ciel ô ciel qui se pare de rumeurs

J’attente et j’attends à ma tempête qu’elle se lasse

Qu’elle me passe et qu’elle passe ô mon sonneur

Mon soleil ses couleurs ses miroirs ses douceurs

Ses brûlures ses sommeils ses mirages

Des terres rouges des combes sombres

Je ne suis pas si sage

 

 

Je suis le ciel et ses griffures

Ses mouvements pris de mercure

Je suis la mer prise d’écume

Et le pétrole grisant les voiles

 

IV.

 

Je suis le dormeur

Aux mains figées aux mains trop dures

La barricade à mes tourments

Je fais bonne figure

Aux oiseaux de mauvais augure

 

Je fais mes actes envers mes paroles

Sitôt la cage je m’envole

Tourmente de plumes

Je m’éparpille sur mes grilles

 

Aveugle je suis l’aveugle

Mon ciel est noir pourvu qu’il passe

Derrière les moires je crois la glace

Prise d’envergure à mon sourire

À mes sourires à mes amoures à mes cascades

Aveugle je suis le sourd

Et je réclame

Silence

Absence

Nuisance

Pourvu que je dure

 

V.

 

Ciel ô mon ciel tes rumeurs indisciplines

Aux heures de bruines

Fraicheur d’un ciel aux aires de ruine

Sur les victoires sur nos collines

 

Noir noir au noir les hommes

Qui se rassurent de son contraire

Contraire contraire

Qu’en ai-je à faire

 

VI.

 

Ciel et tes lueurs

Ton apogée prise de ciment

Le gris les cages les volées de plume

Le foyer sombre que l’homme allume

Quel homme encore sous les cendres

Cherche le ciel où cherche les plumes

 

 VII.

 

...

 

 

25.05.13-28.02.14

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15 mai 2013 3 15 /05 /mai /2013 23:40

 

Maussade

 

Un jour gris qui s'abîme sur nos toîts

Sur les toîts de nos belles villes

De nos villes qui s'enracinent

Et je m'étiole

 

Je m'étiole sur les avenues

J'asphyxie entre les rues

Je déambule et je m'excuse

Et pourquoi, je suis funambule

 

 

Hier, j'avais l'hiver

J'avais le bitume

J'avais les champs

Et les canicules

J'avais le temps

Et ses contre-temps

J'avais le vent

Et ses tempêtes

J'avais le temps

Pour ses tourments

Et le printemps

Pour faire la fête

 

Le gris m'ennuie

Il tombe et la pluie

Sans un torrent

M'entraîne à l'oubli

Où sont les vents

Et les torrents

Où sont les tempêtes

Et puis les volcans ?

 

Je rêve d'un jour de pluie

D'un orage incessant

Et pour chaque goutte de pluie

Un virage au ciment

Je veux la boue des cimes

Et les vagues océans

Je veux de la tempête

Et puis quelques volcans

 

Il pleut tout gentiment sur les toits de nos villes

Nos villes qui s'enracinent et puis moi qui vacille

Et puis moi, dans mon tourment

Qui voudrais plus de pluie

 

 

 

 

Verlaine, ariettes oubliées (?) il pleure dans mon cœur

 

Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine !

 

 

Parfois les hommages ont des gueules à pleurer.

Je m'essaie et je me plante.

Mes réussites me murmurent que j'ai raison de continuer.

 

Verlaine ! Mes spasmes anarcho-punks m'empêcheront donc à jamais de rallier ta magistrale maussaderie ?

Il est à craindre qu'il pleuve encore sur tes toits quand mes champs fleuriront de longue haleine dans les espaces en friche.

Hey ! Je te tendrai la main...

 

Avec amour

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11 août 2012 6 11 /08 /août /2012 21:28

Première Partie


L’ENFANT

 

Notre voyage prend ses sources il y a à peu près quinze siècles de cela, quand les

chasseurs de dragons avaient encore de la besogne, et que les pêcheurs maladroits

tombaient à l'horizon.


En ces temps là, donc, beaucoup de sorcières chauffaient les villages, les bonnes comme

les mauvaises, leurs qualités calorifères étant, à masse égale, égales.


L'une d'entres-elles, justement, douce et simple, qui mettait des cataplasmes divers sur

diverses blessures, avant qu'on ne la fagote, donna naissance à un tout petit bébé, si petit

qu'il passa inaperçu quand on emmena sa mère.

L'une des prisonnières le trouva, et le prit comme son enfant.

Il faut dire qu'en ces temps-là, on ne parlait pas de prisons mais d'oubliettes, et l'on n'en

sortait pas rapidement, ce qui tient en l’occurrence de leur dénomination.


Ce tout petit bébé et sa mère adoptive restèrent donc un bout de temps dans le cachot

humide, mais il y faisait bon, parce que l'enfant réchauffait la pièce : il avait hérité du feu

de sa mère. Ses yeux or brillaient dans le noir, et il se nourrissait d'air, si bien que la

femme ne se privait pas plus que d'ordinaire, c'est-à-dire qu'elle volait aux rats les miettes

avant de manger les rats. Merveilleux ou non, je me dois de m’efforcer à raconter les

choses comme elles sont, enfin comme elles étaient.

 

 

 

Et puis, le temps passait, et à l'âge avancé de quarante ans, la femme mourut. L'enfant,

lui, décidé à sortir, ouvrit donc le mur, où il avait bien sûr dessiné au préalable une petite

poignée, et s'avança dans la lumière.


Il a ensuite couru sans se fatiguer, le petit enfant léger, en-dehors des chemins, foulé

l'herbe grasse, jusqu’à s’arrêter au premier croisement.


Ville du Nord


Ville du Sud


C’est alors que s’est présentée sa troisième mère. Elle s'éloignait en direction du nord,

vers la ville du Sud, qui était la ville du sud par rapport à l'extrême nord. Il a couru, elle

s'est arrêtée, et a décidé qu'elle avait besoin de lui pour l'aider en besognes.


Il est donc allé, car le travail ne le fatiguait pas, quelle chance, et les champs produisirent

doublement, et la femme devenue riche trouva un mari, et fit des enfants, et mourut à

l'âge respectable de trente-neuf ans. L'enfant, toujours, repartait sur les routes, et arriva

au port.


Là, il fit la connaissance d'un mercantile qui recrutait des mousses, et engagea l'enfant,

qui vogua ainsi sur tout le bord du monde. La bonne étoile garda le navire et ses

hommes, mais l'enfant fût appelé ailleurs, et au bout de dix tours décida qu'il suffisait le

plaisir.


Le navire repartit cette fois sans lui, et ne revint pas.


Maladroits !


L'enfant léger au corps chaud, au regard d'or éclairé, favorisant la moisson et protégeant

des naufrages, marcha longtemps, très longtemps, et évolua tant le temps passait, qu’à

force il lui poussa des ailes et l'enfant vola, ce qui, il nous faut l’admettre, pouvait

s’avérer beaucoup plus rapide.

 

 

Il vola longtemps, parcourant monts et plaines, jusqu’à ce qu’il rencontre un vieux

chasseur de dragons, qui lui enseigna son art.


Mais le temps que cela soit fait, les dragons avait disparu, et l'homme mourut. Cet

homme avait, en plus d'une fâcheuse tendance à tuer des bêtes monstrueuses et

dangereuses en voie d'extinction, une fille, plutôt mignonne et douce, qui vivait en

chantant, et quand elle chantait, les pétales de cerisier volaient tout autour. L'enfant

l'emmena avec lui, et ensemble ils pénétrèrent un jour les marais de l'Ouest.


On racontait sur ces Marais d'horribles choses, des sorcières sèches pendaient au soleil,

des enfants naissaient couverts de peau rose, et il y avait une maison plantée entre deux

digues qui servait d'auberge aux passeurs d'épices fumées.


Les deux enfants, couverts de pétales à force de marcher en se donnant du courage,

passèrent la grande porte, et ressortirent par la petite, située sur la façade exposée à

l'ombre, les mains pleines de deux énormes seaux pleins d'eau qu'ils devaient aller

chercher pour la bonne, pour qu'elle puisse laver les soles avant le déjeuner.

Les enfants n'eurent pas à aller bien loin, puisque l'eau arrivait jusqu'à la porte, et la

bonne, les voyant revenir si vite, les engagea immédiatement.


C'est que la bonne, en plus d'être bonne, était surtout bonne à rien.


Mais l'enfant aux yeux d'or, malheureusement, favorisait la moisson et évitait les

naufrages. C'était plutôt une mauvaise chose, quand un Marais avait besoin de tout sauf

de moissons, et de bateaux qui prenaient la mer sans risquer de naufrage.


En sus de cet inconvénient, la petite fille était devenue une belle jeune fille, et il pleuvait

dorénavant sur ses épaules des grappes de cerises, que la bonne se fatiguait à passer en

confiture à peine passable, l'enfant passant par juxtaposition ses journées à courir dans

les marais jusqu'à la ville pour vendre les pots par dizaines.

 

Les villageois, que ces aller-retour lassaient, et qui ne se nourrissaient plus que de

confiture, finirent par en avoir ras le marécage, l'attrapèrent au détour d'une mare, et

l'envoyèrent aux confins des déserts de l'est, via colis postal.

 

 

Si favoriser la moisson et éviter aux navires les naufrages étaient deux choses difficiles à

mettre en valeur dans les marécages, il faut se faire à l'absurdité conséquente de ces

atouts en plein désert.


L'enfant volait, d'une dune à l'autre, ses yeux d'or brillaient en vain sur les grains du

désert, et son corps ne trouvait rien de mieux à faire que de se mettre à surchauffer

péniblement.


Sa mère, sorcière, lui manquait. Sa mère, prisonnière, lui manquait. Sa mère, terrière*, lui

manquait. Et sa sœur, enterrée, récemment, par les villageois dépités de trouver des

cerisiers sur toutes les terres, lui manquait.


Il s'est alors assis à l'ombre épineuse d'un cactus géant, sans manquer de se planter une

brassée d'aiguilles dans le derche, et son corps évacua une perle brûlante et dorée, qui

glissa dans le sable en se transformant en fillette minuscule.


L'enfant la nomma par le souvenir de sa mère et du prénom de sa sœur Cerise, ce qui en

fit ma foi une adorable angelotte mordorée.


Avant de grandir, il prit le temps de lui apprendre les rudiments de la moissonnerie**, de

la poissonnerie, de la navigation, des marécages et des déserts, puis devenu adulte, il se

détourna et disparu afin de lui laisser prendre le temps d'être elle-même.

 

 

 


Ce qu'il faut retenir de cette magnifique première partie se trouve démontré plus haut.


S'il vous arrive un jour de rencontrer une fillette enfant depuis son père, qui chante en

laissant naître des brassées de fleurs, qui réchauffe la pièce d'un éclat de regard, qui vole

de temps en temps pour s'éviter de longues marches, et qui s'appelle Cerise, ne vous

méprenez pas. Il ne s'agit que d'un coup traître de votre esprit blasé.


Puisque les enfants grandissent toujours trop vite...

Puisque le monde scie la branche sur laquelle il repose en cerises déconfites...

Puisque les hommes s'attachent à l'émergence relative de l'iceberg...

Puisqu'il faut bien que certaines histoires se jettent seules sur les bords du mondes.

 

 

 *Terrier-ère, subst. masc.-fém.

: Travailleur faisant recette de la terre.

** Moissonnerie, subst. fém.

: Métier relatif aux ventes de la moisson.

 

 

 

 

 

Deuxième Partie


CERISE


Il y a onze siècles de cela, naissait Cerise, dans le creux d'une perle rejetée par son père

enfant.


L'enfant minuscule avait appris de lui, avant qu'il ne se mette à croître, les rudiments de la

vie, la pêcherie, la paysannerie, l'art des marécages et des déserts.


Puis, l'enfant qui favorisait les récoltes et protégeait les navires, avait grandi, et s'était

effacé pour lui laisser toute la place.


Cerise trainait depuis sa perle dans les sables de l'est, et comme elle s'assimilait aux

dunes dorées, le hasard voulu qu'une procession caravellaire* croise son chemin. Elle fit

alors connaissance des grands éléphants à voile d'Afrique, des dromadaires bi-bosse, et

d'un grand Chah aux belles moustaches soyeuses et volubiles.


Il possédait, en plus d'un harem de rigueur à l'époque des faits, un grand sens de la

diplomatie, ce qui en somme était bien pratique quand les belles du harem se portaient

querelle.


Il trouva donc la fillette dans le creux ombragé d'une dune, et si mignonne, qu'il la prit

sous son aile.

Cerise chantait, et des brassées de fleurs répandaient leurs abeilles sur les couches

chatoyantes qu'un superbe éléphant à voile et de taille majeure portait à bout de trompe.


Les abeilles, grandes travailleuses, et grand bien leur fasse, butinaient dans les fleurs du

harem de quoi fournir au Chah un nectar délicat, dont il se délectait au-travers de ses

moustaches volubiles, sans oublier d'en tremper la pointe, avec force diplomatie.


Cerise se contentait de versifier ce qu'elle tenait de son père, tout en se donnant du

courage en fredonnant sur un rythme ondulant, ce qui convenait très bien aux danseuses,

dont le ventre ondulait gracieusement entre les nuées bicolores des abeilles.


Le Chah voyageait énormément, et un soir, il déposa sa suite à l'entrée d'une grande cité,

dont l'une des princesses cherchait à se marier.


Une femme, en ces temps reculés, ne possédait qu'un mari, quand un mari possédait une

nuée de femmes, aussi Cerise se mit à chanter avec force et grâce, et des millions

d'abeilles vinrent couvrir les fleurs du harem, pour que celles-ci n'assistent pas au

nouveau mariage de leur mari et évitent de se chamailler sans sa présence, ce qui aurait

pu provoquer quelques embarras pour le reste de la suite, dont la diplomatie ne valait pas

celle du Chah.

 

 

 

Un apiculteur de muraille remarqua Cerise, et lui proposa de lui enseigner les rudiments

de son noble métier, la mielliculture**.


Ce qu'elle accepta sans faire de manière, puisque la trompe de l'éléphant commençait à

se faner, et que ses abeilles ivres avaient de plus en plus de peine à discerner le bon du

mauvais en compagnie du Chah volubile et soyeux.


Cerise la mordorée, qui favorisait les floraisons, fit de l'apiculteur un homme riche, qui se

maria, moult fois, et fit de ses femmes les mères d'une nombreuse progéniture affairée

aux ruches. Mais les abeilles se languissaient des voyages, et comme le vieil homme finit

par mourir à l'âge canonique de 49 ans, la fillette reparti en chantant aux portes du désert,

suivit une route en miellant*** gentiment dans les fleurs qui jaillissaient sous ses pas, et

finit par atteindre un carrefour, qui lui rappela son père enfant.


Ville du Nord.


Ville du Sud.


Tandis qu'elle lisait encore et encore les grandes lettres gravées que l'essaim avait prises

d'affection, son attention alla à un homme, occupé à faire brouter son âne et ses moutons

sur la route tapissée de belles fleurs bleues.


Comme il allait en direction du nord, donc sur la Ville du Sud, et qu'il s'arrêta peu après

le carrefour, quelque peu surpris de ne pas trouver de fleurs sur sa route, Cerise

s'accrocha à l'oreille plongeante de l'âne, et celui-ci, appâté par les fleurs qui naissaient

sous les notes claires de la fillette, se mit au petit trot et entraîna à sa suite le reste du

troupeau et le berger, absolument bergeonnant**** de félicité.

 

La minuscule fillette chemina longuement en compagnie du berger, jusqu'aux portes de la

Ville du Sud, et plus en amont encore, avec l'été qui poussait les herbes et les troupeaux

gras sur le Nord.


L'homme, que sa présence enchantait, lui apprit à soigner les bêtes, qui avaient la

fâcheuse tendance, en sus de paître en bêlant toute la sainte journée, de s'écorcher les

genoux aux crocs acérés des Loups de Montagne, qui eux-mêmes avaient la fâcheuse

tendance en ces temps reculés, en sus d'être de redoutables carnivores regroupés en

bandes organisées, de fructifier avec autant de félicité que les troupeaux d'ovins

apprivoisés qui fleurissaient sous les aléas de la sainte protection des fourches des

paysans.


L'été semblait s'éterniser sous le troupeau, entre les chardons succulents, et les bêlements

radieux. Ils parvinrent jusqu'aux portes d'un petit village, accueillis par ses habitants

fourchus avec chaleur. La canicule, en effet, arrivait à son paroxysme, quand l'hiver

retomba lourdement sur les collines.


Le berger et son troupeau bergeonnant**** et la minuscule fillette qui faisait pousser les

abeilles, les fleurs et qui voyageait sur l'oreille de l'âne, restèrent donc au village, tandis

que la neige couvrait le monde.


Le hameau, mal fagoté, laissait passer le froid, et l'homme tomba malade en trébuchant

sur une plaque de verglas.


La blessure étant mauvaise, les habitants l'emmenèrent jusqu'à la dernière maison avant la

grande forêt, où vivait une femme qu'on disait sorcière, et qui possédait les

connaissances sauvages et ma foi certainement utiles des cataplasmes. Elle remit le

berger sur pied en prenant garde de briser la glace avec attention, et quand il décida de

quitter la plaine, il lui laissa le soin de s'occuper de Cerise, qui avait vaguement une idée

de la véritable identité de la sorcière...

 

 

 

 

 

 

 

Il n'y a sans nul doute rien à retenir de cette merveilleuse deuxième partie, mis à part ce

qu'on décide, par mégarde, d'y surprendre.


Parce qu'il faut se méfier des choses que l'on croit deviner entre les lignes.

Parce qu'il faut se résoudre à ce que la fin justifie en moyens.

Parce que, pour finir et non des moindres, un conte absurde n'est en rien conçu pour

offrir au lecteur la Vérité qu'il ferait mieux de s'appliquer à chercher au bon endroit.

 

 

 

 

*Caravellaire adj:

Qui déambule en caravanes solaires de caravelles du désert

** Mielliculture subst. f

ém : Art délicat de l'extraction du miel et de sa préparation

***Mieller v. : Consacrer à l’activité bourdonnante visant à obtenir du miel

**** Bergeonner

v. : Faire fructifier dans la félicité un troupeau d'ovin

 







Troisième Partie


SORCIÈRE



Il y avait eu la Sorcière, qui donnait vie, dans son sordide donjon, à un Enfant léger, qui

allait, de pères en mères, jusqu'aux bords des mers, qui allait sans danger, protégeant

navires et moissons, de fermes en marécages, et puis il y avait eu Cerise, née de la perle

de l'Enfant, disparu avant de ne plus l'être. C'était donc Cerise, d'un désert partie, aux

essaims des grandes cités de sable, qui faisait naître des fleurs, ce qui la lia avec l'âne

d'un berger de moutons de montagne. Il y avait eu les terribles Loups de Montagne,

l'hiver, le Berger laissant Cerise aux soins d'une guérisseuse à paumes cataplasmiques.


Que dire de cette silencieuse ascète ? Son destin tenait en la rigueur de l'hiver, et en la

quantité de bois de chauffe mis en réserve par les bûcherons et montagnards du village.


En réalité, il n'y a qu'une chute logiquement envisageable à ce conte. La Sorcière sera

prise pour bois, elle donnera naissance, avant qu'on ne la fagote, à l'Enfant minuscule et

léger, sans doute fortuitement issu des amours et des bons soins prodigués au berger, qui

franchira les mers pour entraîner Cerise, retrouvée au croisement des Routes, jusqu'aux

marécages de l'Ouest...


Et puisque vous connaissez la suite, je vais me contenter de vous conter l’intervalle.


Ainsi, aux bordures de l’immense forêt sombre, à la limite extrème de la trame de cette

histoire, se tenait, courageuse, la petite chaumière de celle que l’on disait Sorcière.


L’hiver s’éternisait. Les paysans, que les loups avaient refoulés du seul gisement de bois

chaud de la région, se maintenaient tièdes en jouant en cadence, tantôt de leurs penchants

fourchus, tantôt à se chevaucher langoureusement.


Il en résultait un effet que l’on aurait pu envisager poindre au comique, si la situation ne

s’annonçait pas si brûlante, contraste désiré, pour la Sorcière.


Cerise, calfeutrée sur le poêle à braises qui lui rappelait son père, regardait longuement

au-travers de la petite fenêtre biscornue, tout en chantonnant sur la vitre des fleurs de

givre éphémères.


En contrebas se dessinait pastels les monticules doucement brodés des toits enneigés du

village. On y devinait, par l’intermittence des lumières qui remontaient jusqu’à elle après

avoir cheminé au-travers des vitraux sales des maisons, que la cadence se faisait de plus

en plus anarchique, et que bientôt, tombée au paroxysme de ce qu’il est permis

d’entendre d’un rythme, les habitants, peut-être encore enfourchés, finiraient par se ruer

sur la Sorcière pour récupérer un ersatz de dignité.



Dignitaire ainsi un matin enfourcha sa monture pour venir s’enquérir de la masse de la

Sorcière. Il grelottait sous le porche et tâtait, ses mains prises de tremblement

spasmodiques, les bras secs de la Sorcière.


Encouragé, il la prévint alors du passage, sous trois jours, des préposés au fagotage,

l’avertissant dans la même phrase, ce qui faisait une phrase tout de même assez longue

pour ne pas être retranscrite ici, de la possibilité de retour de la marchandise, ou de son

entreposage, selon l’humidité constatée à réception, dans l’une des oubliettes du pays,

car il aurait été certainement malvenu d’intoxiquer les villageois en les fumigeant.


Cerise avait cessé de chanter, elle s’était posée délicatement sur l’épaule de la Sorcière,

et s’attendait à tout moment à voir l’homme se rompre le souffle d’éloquence, ce qui

n’arrivait pas, évitant ainsi à la Sorcière d’avoir à remédier à cette fracture, qui demeurait

un cas rare mais difficilement soignable.


Il quitta sans autre encombre que la sculpture de glace qui se figurait les allures de sa

monture, et ne la retrouvant pas, s’en retourna en taupe diligente jusqu’au village.


Il faisait doux encore dans la chaumière. Cerise, perchée toujours sur l’épaule à point de

la Sorcière, s’était remise à chanter, et des fleurs doucement chatoyantes coulaient des

murs, ou, fragilement craquantes, montaient sur les vitres. La sorcière, au tison, remuait

les braises, qui jouaient dans l’air avec les pétales chatoyants, et le chant de Cerise, de

plus en plus intense, finit par couvrir chaque surface de l’intérieur pour le plus grand

délice des abeilles.



Les trois jours passèrent ainsi, entre tison braisant et chant sur tons, abeilles joyeuses et

délicieuses veilles.


Au point culminant, celui qui précède le dénouement de cette histoire merveilleuse, Cerise

avait tant chanté que la maisonnette de paille s’était gonflée de pétales. Ces derniers,

humides et tempérés par le tison obtempérant les gestes de la Sorcière, s’étaient mis à

macérer, échappant quelques effluves suaves et surtout enclines à évaporer la plupart des

notions concrètes de tout individu raisonnablement équipé en la matière.


Cerise, tandis que la chaumière se gorgeait, voyait la Sorcière diminuer de concrétisme,

et à mesure que les vapeurs amplifiaient leur condensation, que la chaumière se faisait

dangereusement gonflée, la Sorcière discernait de moins en moins le tangible d’entre

l’absurde.


Ce faisant, Cerise, dans tout l’apanage de concrétisation qui lui était accordée par le

récit, fini par se volatiliser, et tandis qu’un courant d’air, apporté par les préposés au

fagotage, emportait par la porte ouverte les effluves de chant et de tison, Cerise avait

définitivement été dissoute dans l’absurdité de ce qui devait suivre.


 



La Sorcière, moelleusement imbibée, fût refusée en l’état pour un fagotage immédiat.

Mais l’hiver perdurant, les villageois la remirent, contre du bois à moitié de masse

imposée, au responsable de l’entreposage du pays.


Dans l’oubliette, il faisait sombre. La Sorcière y resta longtemps, jouant de mémoire

entre les braises enlevées par le tison qu’elle manipulait agilement, tandis que des fleurs

dansaient dans la chaumière.


Elle donna, avant qu’on ne la fagote, naissance à un tout petit bébé, si petit qu’il passa

inaperçu lorsqu’on emporta sa mère.


Loin de là, un berger, que les Loups de Montagne avaient amputé de ses moutons, s’était

mis en quête, après les avoir tous massacré sans artifice, de venir à bout des dernières

populations de dragon, que l’on disait éteintes, ce qui lui semblait peut probable étant

donné la nature concrète du dragon.


Et tandis qu’il agissait concrètement, il apparut à lui Cerise, qu’il prit pour fille.





 



Parce qu’à concret absurde absurde est concret ;

Parce qu’il importe si peu le moyen de la fin quand au moyen s’enchâsse la fin ;

Parce qu’il se faut parfois terminer sans être certain d’avoir vraiment parcouru ;

Cette merveilleuse troisième partie se défie de tout mot de la fin.

 



 

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29 mars 2012 4 29 /03 /mars /2012 23:09

 

Il est un temps, les rideaux toujours lourds

Et les volutes d'encens qui flambent, ô jour

Ô joie des ivres qui se promettent encore

Qu'à la venue des vêpres s'accroche comme un fil

Demain

Toujours

 

Néant, quand prendras-tu leurs rires

Insouciance filandreuse aux heures où l'on se berce

D'arythmies farouches, lorsque nos reins soutiennent

Le cœur qui nous reste

Nos mains seraient-elles sèches ?

Nos yeux de pauvres pieux au comble des promesses

Semant l'inatteignable de sombres fleurs de cire

 

Le temps se fait maussade et l'homme se recule

S'éloignant de ses berges, peut-être craint-il de fondre

Aux rives vagissantes, peut-être croit-il la tombe

Un regain de tendresse

Ou bien il ne croit rien et craint tout à la fois

Tandis qu'il se déchausse acculant ses faiblesses

À l'oreille des autres

 

Laz Mars 2012

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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 21:47

 

Elle restera longtemps l'effluve aux bras qui manquent

Le silence incessant des heures qui se mélangent

Les couloirs qui résonnent d'une absence pesante

Elle restera toujours un visage qui s'estompe

 

Et la nuit les rumeurs, les images qui la cherchent

Dans les moiteurs obscures des amours qui se perdent

Quand le soleil revient dispersant sa présence

Des larmes et des sanglots pour saluer l'aurore

 

Elle restera demain l'automne qui la rappelle

Les feuilles tombées en vain qui parsèment sa tombe

Son rire qui tremble encore, la tristesse qui s'assène

Sous les grands coups de pioches qui trompent la douleur

 

Le sommeil fragile, les ombres qui la prennent

Dans la candeur perdue du moindre de vos songes

Du moindre de vos rires, de la plus petite danse

Un souffle qui vous manque, un cri qui vous étrangle

 

Elle restera enfin celle qui vous ressemble

Et celle qui vous rassemble quand pèse la distance

Le bonheur esquissé au souvenir d'un jour

Elle soufflera ce jour  une braise sous la cendre

 

Et quelques rêves d'elle qui prendra son envol

Chasseront de vos cœurs le plomb qui tant vous pèse

Les ombres dispersées dans les premières lueurs

Feront naître un matin un sourire à vos lèvres

 

 

 

IMAG0322.jpg

 

Mars 2012

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12 mars 2012 1 12 /03 /mars /2012 23:11

 

Au-dessus, des rescat-îles

Sont des mesures aux creuses absinthes

Pour qui s’enivre des fleurs osseuses ;

Lasses, les mains qu'un tremble feinte,

Défuntes ; Et les banquises que l'on macule

Entre toutes mers des biens, si sombres,

Gèlent à nos glaives, leurs laps, facondes,

Manquent de verbes ; Et nous, prospères,

Et nous ; Tandis que l'hymne étale

Sur nous de tans autres manières,

Qu'il n'est plus champs de yeuses

Si par-dessous, les rescat-îles,

Sont des abysses aux pieuses hortenses.

 

Mars 2012

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