Parce que ...
http://unpetitmondeperdu.over-blog.com/
...
j'avais décidé de migrer plutôt comme ça.
Parce que ...
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...
j'avais décidé de migrer plutôt comme ça.
Un océan de soleil s'offre au ciel
Pour que le feu s'en émerveille;
Ils trompent leur douce éphémère
Mais déjà l'or se montre à la terre:
Cous fatigués, feuilles jaunies, ils s'inclinent,
Comme dévots usés ou peines mutines.
Ils semblent pardonner au vent acharné
Leur ample verdure malmenée
Et s'affalent comme lapidés
Sur le champs des trépassés
Août 2003
publié 18/04/2009 22:52
Tournesols, 2014
Et nous nous sommes couchés, nous avons bu, nous avons cru
Le sol et le vent, nous avons vu la terre sous le soleil rouler
Et nous avons poussé feuille-à-feuille, côte-à-côte flamboyants
Nous nous sommes trompés le feu nous a brûlé
Et nous nous sommes touchés et nos ramures se sont pliées
Et sous nos pied la terre soudain s'est asséchée
L'eau et l'été se sont enfuis
Et sur nos têtes l'étourneau rit
Nos têtes lourdes gorgées de grains se penchent basses et le matin
La rosée glisse sur nos mains
Et nous avons semé dans les rafales des premiers froids
Sur la terre dure nous avons mis
Quelques soleils et la dernière
Feuille
Grise est tombée sous la gelée
Nous nous sommes tus nos corps fendus
Soleils dansants d'un vieil été
Nous sommes fauchés
Nous sommes fauchés
Et l'hiver chasse nos pensées
Retour sur Les Feuilles du Lilas
Retour sur Des Saisons, des Amours
Froide le silence me grise
Et s'interpose entre l'ombre
Et la roche où je pose
Un regard
Un hasard m'approche
Une étoile ou le grain
Du grès m'accroche
Il
Scintille
Murmure lumière
Au cœur de pierre
Froide le silence se brise
Et ricoche sur l'ombre
Et la roche où je pose
Un regard
Le hasard décoche
Une étoile et le grain
Du grès s'étiole
Il
Scintille
Souffle poussière
Au cœur de pierre
Froide le silence la brise
De la roche coule l'ambre
Et la roche où je pose
Un regard
Par hasard
Une étoile
Scintille
Au cœur
De la roche
Ils étaient dans les limbes
Et les limbes alités
Tenaient asile en leurs rétines
C'était le temps des Mobidick
Des cachalots d'Azurine
Roupillant le long des berges salines
Barges larges aux bras en lignes
Des regards bargeots aux mains on-line
Tout tenait en rien, et rien tenait au tout
Et tout allait si mal qu'un rien les rendait fou
Que d'un rien le tout semblait flou
Sur les rives border-line
Des cœurs d'un bien au mal-aimé
L'amertume sale des sacrifiés
Hurlait au bal des démasqués
C'était le jour des portes fermées
Après que les murs soient tombés
C'était le temps des énoncés
Ils tenaient compte des distances
Tous étaient comptables et tous
Alignaient des longueurs
On prenait les mètres de ronces
D'une équation au trois quart
On obtenait la constance
Des cicatrices complaisantes
Ils tenaient comptes des distances
La longueur des affluents
Déterminait la superficie d'un océan
Et Mobidick dans sa mare
Pleurait en vain les vagues en rage
C'était le temps des baleines blanches
C'était le jour des harponnés
La nuit sans bruit sur une mer fixées
Les heures fébriles se sont barrées
-
Ils étaient aux dieux de l'Olympe
Les figures lâches des comptoirs
Qu'on réitère désinhibés
C'était le temps des Aspégics
Des acouphènes allant bon train
Des qu'en dira les thons qui se font
Sirènes analphabètes des lèvres aux reins
Parmi les faux les flous sont flots
Le temps des tours de passe-passe
Passé le temps qu'on tourne
Contourne les mares
On pêche à la marée des idées vagues
Les vagues à l'âme font lever l'un
Levain des vagues les fous en vain
Se plaignent de plat
Le plat fait plein
C'est le temps des vagues et des creux
Du vide qui tanse entre les flots
Du vide qui noie comme les eaux
Des eaux qui dansent sur les bateaux
C'était le temps des Aspegic
Et puis le temps des Mobidick
Le temps des mythes, le temps des sic
C'était le temps de prendre l'eau
-
C'était le temps des absences
Des temporalités en créance
Du temps défait des mythes de craie
Ils étaient tous scriptes
Et tous s'écrivaient
De mots en synonymes abscons
Aux définitions d'argile
Pour noircir leurs murs d'ardoise
Ils alignaient des sophismes
Tous étaient notables
Et tous inscrivaient des errances
C'était le temps des fusillés
Le temps des bûches en lettre d'or
Les grands brûlés s'égosillaient
Et l'ordinaire se dispersait
Ils entretenaient les morts
Et les morts-même se trahissaient
C'était le temps des mise-en-tort
Le temps des mythes et des esquisses
Naissantes des doigts tétraplégiques
-
On les appelait temps libres
De libérés
C'était l'âge d'or des temps morts
Tous étaient joueurs et tous
Jouaient sur les mots
D'une équinoxe aux arrêtes sèches
Ils remontaient aux cordes raides
C'était le temps des soliloques
Le temps des ruines pavées de marbre
Aux allures folles et monastiques
Tous étaient joueurs et tous
Alignaient les scores
C'était le temps des grands discours
Des manteaux longs percés de mites
Et des rumeurs d'un autre temps
Tous poursuivaient et tous poursuivants
Tous s'en prenaient aux partis-pris
Et plus un seul pour son parti
N'avait de prise sur l'imparti
L'impartial tombant sans bruit
La brise seule soufflait minuit
La nuit c'était
Le temps des lumière seules
C'était le temps des Aspégic
Des brûleurs d'encre
Tenus au compteur
Des temps de Mobidick
Des temps le mythe
Tenus à la grandeur
Des baleines franches d'un oeil songeur
1
I.
Mon cœur est profond,
Mes mains arides
Et mon sommeil envie
Les heures sans bruit
De vos sommeils, vos rêves
Sont des soleils et des marais
Des ombres épaisses sur vos épaules
Vos yeux dessous ont des répits
Et ciel sans les lumières des astres
Sans les liens qui vous maintiennent
Les corps en mouvement
Sur une terre figée
La terre se meut et sous mes pieds
Le mouvement fait les marées
II.
J'envie vos rêves et vos mensonges
J'envie vos cierges, j'envie vos songes
J'envie vos terres étroites et vos miroirs
Qui vous repoussent vos horizons
Dans le délire des reflets interminables
Vous projetez vos points de vue
En leurres infinis
Mais
C'est bien de la peur
Que je perçois à vos frontières
Je vous envie vos peurs
Je vous envie vos glaises
Et vos jeux de miroirs
Et vos châteaux de sables
Vos paradis et vos enfers
Je vous envie vos guerres
Je vous envie vos frères
Et vos enfants qui vous ressemblent
Que vous refaites à vos manières
Je vous envie vos mères
Les parfaites matrices
Les chaînes de vos usines
Je vous envie vos vices
Que vous offrez
En sacrifice
Et ciel, tes étoiles en mouvement
J'envie tant leurs pardons
Les lignes impromptues
Qu'ils tracent sur tes nuits
III.
Mon cœur est profond
Et mes lumières, des étincelles
Je vous envie vos permanences
Et vos frontières, vos danses
Sous mes pieds la terre en mouvement
Et sous les vôtres elle est une scène
Où vous jouez le monde
Je vous envie vos jeux, vos rires
Vos larmes théâtrales
Et vos rondes incessantes
IV.
Je vous envie
Mais ne vous dois
Pas le moindre sourire
Pas le moindre soupire
Pas même un mouvement
Ils soufflent de la terre
Comme elle va sous mes pieds
Et vous force à courir
Vous force à retenir
À vos corps les filins
Qui vous permettent de dire
Qu'ici vaincu j'ai posé mon vécu
Je vous envie vos râles, vos cordes et
Vos prisons, vos murs toujours plus sombres
Vos rondes et vos chansons
Je vous envie les soleils que vous semez
Entre les ombres épaisses de cours sécurisées
Et vos larmes et vos
Fragilités
Qui vous permettent de rompre
Quand monte la marée
V.
Ô ciel et tes étoiles comme des rondes
Comme les ombres qui naissent
Dans ta course en mouvement
Je vois ton insolence
Ô ciel et tes lumières dont on sait le silence
Ta course folle et tes visages
Sont comme les toiles arachnéennes
Des mythes et des croyances
J'envie le ciel aux visages tendres
Aux dieux inatteignables
Qui vous permettent de feindre
Les mains tendues les yeux fermés
Vous pensez donc marcher ?
J'envie le ciel des tisserands
Aux voies toutes tracées
Vos idées en latence
J'envie parfois vos yeux fermés
J'envie parfois votre sublime médiocrité
Vos routes et vos mirages, vos cages
Vos sommeils enragés, vos modèles enchâssés
Qui murmurent différences
VI.
Ô ciel et ton absence de mouvement
Splendide manteau d'inconvenance
Tu couvres encore sans les maudire
Les fièvres qui s'enchainent à ton nom
Et d'agonies en agonies
De destructions en destructions
Vois-je venir la suite
D'une même trahison ?
VII
...
2
I.
Je me sens l'automne
Ses lueurs résistantes
Au seuil de la démence
Quand se figent les heures
Ou bien qu'elle caracolent
Je me sens persistance
Les rigoles qui sombrent
Ou jamais ne retombent
II.
Sombres,
Sombres sont les seuils
Qui clament survivance
Aux royaumes éclairés
Par les cris du pavé
Sombres,
Sombres sont mes feuilles
Quand tombent les gelées
Au règne empressé
Des transes consommées
III.
J'ai en souci de moi le givre qui s'étoile
Les fantasmes glacés semant comme nuées
Et quelles belles nuées, les hypnoses entassées
Mais que veulent-ils de moi
J'ai en soucis de moi les glaces mordorantes
Qui figent et insouciancent les lueurs timorées
Poussant les flammes aux sièges
De nos tendres années
Non, ciel, ma résistance n'est pas dans tes allées
De l'histoire qui nous fait
Comme on est son esclave
J'en ouvrirai les geôles
Quitte à perdre quittance
Et d'histoire que l'on porte
Mon nom en somme n'importe
Non, ciel, ma renommée ne pousse dans tes jardins glacés
Ils gisent entre deux cendres
Les noms sont des soleils
Qui s'offusquent de briller
Sur les terres gelées
IV.
Sombres
Sombres sont les feuilles
Qui tapissent mon antre
Et les rumeurs avancent
Pour fondre ma demeure
Sombres
Sombres sont les treuils
Qui agitent mes danses
L'obscur encore retient
Ses plus ferventes transes
Non, ciel, ma passion qui s'agite
N'habite pas tes tours
Et les ailes qui me poussent
Ne cherchent ton asile
V.
Du pathos m'a conduit le fleuve de la vie
Aux rives tant aimées de notre humanité
Et tous les phares au mien on fait l'échographie
D'une terre morcelée n'attendant que l'été
N'attendant que le vol des oiseaux relâchés
Du nord au sud en menant mes lueurs
Comme j'ai senti l'automne, j'ai retenu l'été
J'ai retenu les vols des oiseaux enchaînés
Aux froides sinécures des terres disséminées
J'irai les relâcher sur les rives tant aimées
VI.
J'irai enfin, quand l'été reviendra
Redorer les blasons des noms ensommeillés
Je ne suis rien en somme et l'on m'y oubliera
Tandis que Babylone de ses cendres remontera
Ciel, non, je n'ai pas en moi la puissance mystique
Qui retient les miens aux ferveurs induites
À ton immensité si doucement dallée
De rives interdites
VII.
...
3.
I.
Le bien pour le bien
Et les ombres laissées
Sur les ombres
Partout les couleurs
Aux milles teintes
Et le noir
Et le noir
La lumière et le mérite
Le mérite de la lumière
Et la nuit pour les menteurs
Et la nuit
Pour les agresseurs
II.
Le jour et les lueurs
Du rouge aux étreintes
De l’indicible
Invisible
Invincible
La chaleur
Et les peurs
De la couleur
Et des douleurs
Les couleurs
Et l’obscur
Les étoiles
Et les moires
Le murmure
D’une étoile
Le silence
D’une absence
Et le noir
Et le noir
Le noir le mazout les rumeurs
Les mains fermées
Le cœur en berne
La peur
III.
Mon ciel ô ciel qui se pare de rumeurs
J’attente et j’attends à ma tempête qu’elle se lasse
Qu’elle me passe et qu’elle passe ô mon sonneur
Mon soleil ses couleurs ses miroirs ses douceurs
Ses brûlures ses sommeils ses mirages
Des terres rouges des combes sombres
Je ne suis pas si sage
Je suis le ciel et ses griffures
Ses mouvements pris de mercure
Je suis la mer prise d’écume
Et le pétrole grisant les voiles
IV.
Je suis le dormeur
Aux mains figées aux mains trop dures
La barricade à mes tourments
Je fais bonne figure
Aux oiseaux de mauvais augure
Je fais mes actes envers mes paroles
Sitôt la cage je m’envole
Tourmente de plumes
Je m’éparpille sur mes grilles
Aveugle je suis l’aveugle
Mon ciel est noir pourvu qu’il passe
Derrière les moires je crois la glace
Prise d’envergure à mon sourire
À mes sourires à mes amoures à mes cascades
Aveugle je suis le sourd
Et je réclame
Silence
Absence
Nuisance
Pourvu que je dure
V.
Ciel ô mon ciel tes rumeurs indisciplines
Aux heures de bruines
Fraicheur d’un ciel aux aires de ruine
Sur les victoires sur nos collines
Noir noir au noir les hommes
Qui se rassurent de son contraire
Contraire contraire
Qu’en ai-je à faire
VI.
Ciel et tes lueurs
Ton apogée prise de ciment
Le gris les cages les volées de plume
Le foyer sombre que l’homme allume
Quel homme encore sous les cendres
Cherche le ciel où cherche les plumes
VII.
...
25.05.13-28.02.14
Maussade
Un jour gris qui s'abîme sur nos toîts
Sur les toîts de nos belles villes
De nos villes qui s'enracinent
Et je m'étiole
Je m'étiole sur les avenues
J'asphyxie entre les rues
Je déambule et je m'excuse
Et pourquoi, je suis funambule
Hier, j'avais l'hiver
J'avais le bitume
J'avais les champs
Et les canicules
J'avais le temps
Et ses contre-temps
J'avais le vent
Et ses tempêtes
J'avais le temps
Pour ses tourments
Et le printemps
Pour faire la fête
Le gris m'ennuie
Il tombe et la pluie
Sans un torrent
M'entraîne à l'oubli
Où sont les vents
Et les torrents
Où sont les tempêtes
Et puis les volcans ?
Je rêve d'un jour de pluie
D'un orage incessant
Et pour chaque goutte de pluie
Un virage au ciment
Je veux la boue des cimes
Et les vagues océans
Je veux de la tempête
Et puis quelques volcans
Il pleut tout gentiment sur les toits de nos villes
Nos villes qui s'enracinent et puis moi qui vacille
Et puis moi, dans mon tourment
Qui voudrais plus de pluie
Verlaine, ariettes oubliées (?) il pleure dans mon cœur
Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?
Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !
Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.
C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine !
Parfois les hommages ont des gueules à pleurer.
Je m'essaie et je me plante.
Mes réussites me murmurent que j'ai raison de continuer.
Verlaine ! Mes spasmes anarcho-punks m'empêcheront donc à jamais de rallier ta magistrale maussaderie ?
Il est à craindre qu'il pleuve encore sur tes toits quand mes champs fleuriront de longue haleine dans les espaces en friche.
Hey ! Je te tendrai la main...
Avec amour
Première Partie
L’ENFANT
Notre voyage prend ses sources il y a à peu près quinze siècles de cela, quand les
chasseurs de dragons avaient encore de la besogne, et que les pêcheurs maladroits
tombaient à l'horizon.
En ces temps là, donc, beaucoup de sorcières chauffaient les villages, les bonnes comme
les mauvaises, leurs qualités calorifères étant, à masse égale, égales.
L'une d'entres-elles, justement, douce et simple, qui mettait des cataplasmes divers sur
diverses blessures, avant qu'on ne la fagote, donna naissance à un tout petit bébé, si petit
qu'il passa inaperçu quand on emmena sa mère.
L'une des prisonnières le trouva, et le prit comme son enfant.
Il faut dire qu'en ces temps-là, on ne parlait pas de prisons mais d'oubliettes, et l'on n'en
sortait pas rapidement, ce qui tient en l’occurrence de leur dénomination.
Ce tout petit bébé et sa mère adoptive restèrent donc un bout de temps dans le cachot
humide, mais il y faisait bon, parce que l'enfant réchauffait la pièce : il avait hérité du feu
de sa mère. Ses yeux or brillaient dans le noir, et il se nourrissait d'air, si bien que la
femme ne se privait pas plus que d'ordinaire, c'est-à-dire qu'elle volait aux rats les miettes
avant de manger les rats. Merveilleux ou non, je me dois de m’efforcer à raconter les
choses comme elles sont, enfin comme elles étaient.
Et puis, le temps passait, et à l'âge avancé de quarante ans, la femme mourut. L'enfant,
lui, décidé à sortir, ouvrit donc le mur, où il avait bien sûr dessiné au préalable une petite
poignée, et s'avança dans la lumière.
Il a ensuite couru sans se fatiguer, le petit enfant léger, en-dehors des chemins, foulé
l'herbe grasse, jusqu’à s’arrêter au premier croisement.
Ville du Nord
Ville du Sud
C’est alors que s’est présentée sa troisième mère. Elle s'éloignait en direction du nord,
vers la ville du Sud, qui était la ville du sud par rapport à l'extrême nord. Il a couru, elle
s'est arrêtée, et a décidé qu'elle avait besoin de lui pour l'aider en besognes.
Il est donc allé, car le travail ne le fatiguait pas, quelle chance, et les champs produisirent
doublement, et la femme devenue riche trouva un mari, et fit des enfants, et mourut à
l'âge respectable de trente-neuf ans. L'enfant, toujours, repartait sur les routes, et arriva
au port.
Là, il fit la connaissance d'un mercantile qui recrutait des mousses, et engagea l'enfant,
qui vogua ainsi sur tout le bord du monde. La bonne étoile garda le navire et ses
hommes, mais l'enfant fût appelé ailleurs, et au bout de dix tours décida qu'il suffisait le
plaisir.
Le navire repartit cette fois sans lui, et ne revint pas.
Maladroits !
L'enfant léger au corps chaud, au regard d'or éclairé, favorisant la moisson et protégeant
des naufrages, marcha longtemps, très longtemps, et évolua tant le temps passait, qu’à
force il lui poussa des ailes et l'enfant vola, ce qui, il nous faut l’admettre, pouvait
s’avérer beaucoup plus rapide.
Il vola longtemps, parcourant monts et plaines, jusqu’à ce qu’il rencontre un vieux
chasseur de dragons, qui lui enseigna son art.
Mais le temps que cela soit fait, les dragons avait disparu, et l'homme mourut. Cet
homme avait, en plus d'une fâcheuse tendance à tuer des bêtes monstrueuses et
dangereuses en voie d'extinction, une fille, plutôt mignonne et douce, qui vivait en
chantant, et quand elle chantait, les pétales de cerisier volaient tout autour. L'enfant
l'emmena avec lui, et ensemble ils pénétrèrent un jour les marais de l'Ouest.
On racontait sur ces Marais d'horribles choses, des sorcières sèches pendaient au soleil,
des enfants naissaient couverts de peau rose, et il y avait une maison plantée entre deux
digues qui servait d'auberge aux passeurs d'épices fumées.
Les deux enfants, couverts de pétales à force de marcher en se donnant du courage,
passèrent la grande porte, et ressortirent par la petite, située sur la façade exposée à
l'ombre, les mains pleines de deux énormes seaux pleins d'eau qu'ils devaient aller
chercher pour la bonne, pour qu'elle puisse laver les soles avant le déjeuner.
Les enfants n'eurent pas à aller bien loin, puisque l'eau arrivait jusqu'à la porte, et la
bonne, les voyant revenir si vite, les engagea immédiatement.
C'est que la bonne, en plus d'être bonne, était surtout bonne à rien.
Mais l'enfant aux yeux d'or, malheureusement, favorisait la moisson et évitait les
naufrages. C'était plutôt une mauvaise chose, quand un Marais avait besoin de tout sauf
de moissons, et de bateaux qui prenaient la mer sans risquer de naufrage.
En sus de cet inconvénient, la petite fille était devenue une belle jeune fille, et il pleuvait
dorénavant sur ses épaules des grappes de cerises, que la bonne se fatiguait à passer en
confiture à peine passable, l'enfant passant par juxtaposition ses journées à courir dans
les marais jusqu'à la ville pour vendre les pots par dizaines.
Les villageois, que ces aller-retour lassaient, et qui ne se nourrissaient plus que de
confiture, finirent par en avoir ras le marécage, l'attrapèrent au détour d'une mare, et
l'envoyèrent aux confins des déserts de l'est, via colis postal.
Si favoriser la moisson et éviter aux navires les naufrages étaient deux choses difficiles à
mettre en valeur dans les marécages, il faut se faire à l'absurdité conséquente de ces
atouts en plein désert.
L'enfant volait, d'une dune à l'autre, ses yeux d'or brillaient en vain sur les grains du
désert, et son corps ne trouvait rien de mieux à faire que de se mettre à surchauffer
péniblement.
Sa mère, sorcière, lui manquait. Sa mère, prisonnière, lui manquait. Sa mère, terrière*, lui
manquait. Et sa sœur, enterrée, récemment, par les villageois dépités de trouver des
cerisiers sur toutes les terres, lui manquait.
Il s'est alors assis à l'ombre épineuse d'un cactus géant, sans manquer de se planter une
brassée d'aiguilles dans le derche, et son corps évacua une perle brûlante et dorée, qui
glissa dans le sable en se transformant en fillette minuscule.
L'enfant la nomma par le souvenir de sa mère et du prénom de sa sœur Cerise, ce qui en
fit ma foi une adorable angelotte mordorée.
Avant de grandir, il prit le temps de lui apprendre les rudiments de la moissonnerie**, de
la poissonnerie, de la navigation, des marécages et des déserts, puis devenu adulte, il se
détourna et disparu afin de lui laisser prendre le temps d'être elle-même.
Ce qu'il faut retenir de cette magnifique première partie se trouve démontré plus haut.
S'il vous arrive un jour de rencontrer une fillette enfant depuis son père, qui chante en
laissant naître des brassées de fleurs, qui réchauffe la pièce d'un éclat de regard, qui vole
de temps en temps pour s'éviter de longues marches, et qui s'appelle Cerise, ne vous
méprenez pas. Il ne s'agit que d'un coup traître de votre esprit blasé.
Puisque les enfants grandissent toujours trop vite...
Puisque le monde scie la branche sur laquelle il repose en cerises déconfites...
Puisque les hommes s'attachent à l'émergence relative de l'iceberg...
Puisqu'il faut bien que certaines histoires se jettent seules sur les bords du mondes.
*Terrier-ère, subst. masc.-fém.
: Travailleur faisant recette de la terre.
: Métier relatif aux ventes de la moisson.
Deuxième Partie
CERISE
Il y a onze siècles de cela, naissait Cerise, dans le creux d'une perle rejetée par son père
enfant.
L'enfant minuscule avait appris de lui, avant qu'il ne se mette à croître, les rudiments de la
vie, la pêcherie, la paysannerie, l'art des marécages et des déserts.
Puis, l'enfant qui favorisait les récoltes et protégeait les navires, avait grandi, et s'était
effacé pour lui laisser toute la place.
Cerise trainait depuis sa perle dans les sables de l'est, et comme elle s'assimilait aux
dunes dorées, le hasard voulu qu'une procession caravellaire* croise son chemin. Elle fit
alors connaissance des grands éléphants à voile d'Afrique, des dromadaires bi-bosse, et
d'un grand Chah aux belles moustaches soyeuses et volubiles.
Il possédait, en plus d'un harem de rigueur à l'époque des faits, un grand sens de la
diplomatie, ce qui en somme était bien pratique quand les belles du harem se portaient
querelle.
Il trouva donc la fillette dans le creux ombragé d'une dune, et si mignonne, qu'il la prit
sous son aile.
Cerise chantait, et des brassées de fleurs répandaient leurs abeilles sur les couches
chatoyantes qu'un superbe éléphant à voile et de taille majeure portait à bout de trompe.
Les abeilles, grandes travailleuses, et grand bien leur fasse, butinaient dans les fleurs du
harem de quoi fournir au Chah un nectar délicat, dont il se délectait au-travers de ses
moustaches volubiles, sans oublier d'en tremper la pointe, avec force diplomatie.
Cerise se contentait de versifier ce qu'elle tenait de son père, tout en se donnant du
courage en fredonnant sur un rythme ondulant, ce qui convenait très bien aux danseuses,
dont le ventre ondulait gracieusement entre les nuées bicolores des abeilles.
Le Chah voyageait énormément, et un soir, il déposa sa suite à l'entrée d'une grande cité,
dont l'une des princesses cherchait à se marier.
Une femme, en ces temps reculés, ne possédait qu'un mari, quand un mari possédait une
nuée de femmes, aussi Cerise se mit à chanter avec force et grâce, et des millions
d'abeilles vinrent couvrir les fleurs du harem, pour que celles-ci n'assistent pas au
nouveau mariage de leur mari et évitent de se chamailler sans sa présence, ce qui aurait
pu provoquer quelques embarras pour le reste de la suite, dont la diplomatie ne valait pas
celle du Chah.
Un apiculteur de muraille remarqua Cerise, et lui proposa de lui enseigner les rudiments
de son noble métier, la mielliculture**.
Ce qu'elle accepta sans faire de manière, puisque la trompe de l'éléphant commençait à
se faner, et que ses abeilles ivres avaient de plus en plus de peine à discerner le bon du
mauvais en compagnie du Chah volubile et soyeux.
Cerise la mordorée, qui favorisait les floraisons, fit de l'apiculteur un homme riche, qui se
maria, moult fois, et fit de ses femmes les mères d'une nombreuse progéniture affairée
aux ruches. Mais les abeilles se languissaient des voyages, et comme le vieil homme finit
par mourir à l'âge canonique de 49 ans, la fillette reparti en chantant aux portes du désert,
suivit une route en miellant*** gentiment dans les fleurs qui jaillissaient sous ses pas, et
finit par atteindre un carrefour, qui lui rappela son père enfant.
Ville du Nord.
Ville du Sud.
Tandis qu'elle lisait encore et encore les grandes lettres gravées que l'essaim avait prises
d'affection, son attention alla à un homme, occupé à faire brouter son âne et ses moutons
sur la route tapissée de belles fleurs bleues.
Comme il allait en direction du nord, donc sur la Ville du Sud, et qu'il s'arrêta peu après
le carrefour, quelque peu surpris de ne pas trouver de fleurs sur sa route, Cerise
s'accrocha à l'oreille plongeante de l'âne, et celui-ci, appâté par les fleurs qui naissaient
sous les notes claires de la fillette, se mit au petit trot et entraîna à sa suite le reste du
troupeau et le berger, absolument bergeonnant**** de félicité.
La minuscule fillette chemina longuement en compagnie du berger, jusqu'aux portes de la
Ville du Sud, et plus en amont encore, avec l'été qui poussait les herbes et les troupeaux
gras sur le Nord.
L'homme, que sa présence enchantait, lui apprit à soigner les bêtes, qui avaient la
fâcheuse tendance, en sus de paître en bêlant toute la sainte journée, de s'écorcher les
genoux aux crocs acérés des Loups de Montagne, qui eux-mêmes avaient la fâcheuse
tendance en ces temps reculés, en sus d'être de redoutables carnivores regroupés en
bandes organisées, de fructifier avec autant de félicité que les troupeaux d'ovins
apprivoisés qui fleurissaient sous les aléas de la sainte protection des fourches des
paysans.
L'été semblait s'éterniser sous le troupeau, entre les chardons succulents, et les bêlements
radieux. Ils parvinrent jusqu'aux portes d'un petit village, accueillis par ses habitants
fourchus avec chaleur. La canicule, en effet, arrivait à son paroxysme, quand l'hiver
retomba lourdement sur les collines.
Le berger et son troupeau bergeonnant**** et la minuscule fillette qui faisait pousser les
abeilles, les fleurs et qui voyageait sur l'oreille de l'âne, restèrent donc au village, tandis
que la neige couvrait le monde.
Le hameau, mal fagoté, laissait passer le froid, et l'homme tomba malade en trébuchant
sur une plaque de verglas.
La blessure étant mauvaise, les habitants l'emmenèrent jusqu'à la dernière maison avant la
grande forêt, où vivait une femme qu'on disait sorcière, et qui possédait les
connaissances sauvages et ma foi certainement utiles des cataplasmes. Elle remit le
berger sur pied en prenant garde de briser la glace avec attention, et quand il décida de
quitter la plaine, il lui laissa le soin de s'occuper de Cerise, qui avait vaguement une idée
de la véritable identité de la sorcière...
Il n'y a sans nul doute rien à retenir de cette merveilleuse deuxième partie, mis à part ce
qu'on décide, par mégarde, d'y surprendre.
Parce qu'il faut se méfier des choses que l'on croit deviner entre les lignes.
Parce qu'il faut se résoudre à ce que la fin justifie en moyens.
Parce que, pour finir et non des moindres, un conte absurde n'est en rien conçu pour
offrir au lecteur la Vérité qu'il ferait mieux de s'appliquer à chercher au bon endroit.
Qui déambule en caravanes solaires de caravelles du désert
ém : Art délicat de l'extraction du miel et de sa préparation
***Mieller v. : Consacrer à l’activité bourdonnante visant à obtenir du miel
v. : Faire fructifier dans la félicité un troupeau d'ovin
Troisième Partie
SORCIÈRE
Il y avait eu la Sorcière, qui donnait vie, dans son sordide donjon, à un Enfant léger, qui
allait, de pères en mères, jusqu'aux bords des mers, qui allait sans danger, protégeant
navires et moissons, de fermes en marécages, et puis il y avait eu Cerise, née de la perle
de l'Enfant, disparu avant de ne plus l'être. C'était donc Cerise, d'un désert partie, aux
essaims des grandes cités de sable, qui faisait naître des fleurs, ce qui la lia avec l'âne
d'un berger de moutons de montagne. Il y avait eu les terribles Loups de Montagne,
l'hiver, le Berger laissant Cerise aux soins d'une guérisseuse à paumes cataplasmiques.
Que dire de cette silencieuse ascète ? Son destin tenait en la rigueur de l'hiver, et en la
quantité de bois de chauffe mis en réserve par les bûcherons et montagnards du village.
En réalité, il n'y a qu'une chute logiquement envisageable à ce conte. La Sorcière sera
prise pour bois, elle donnera naissance, avant qu'on ne la fagote, à l'Enfant minuscule et
léger, sans doute fortuitement issu des amours et des bons soins prodigués au berger, qui
franchira les mers pour entraîner Cerise, retrouvée au croisement des Routes, jusqu'aux
marécages de l'Ouest...
Et puisque vous connaissez la suite, je vais me contenter de vous conter l’intervalle.
Ainsi, aux bordures de l’immense forêt sombre, à la limite extrème de la trame de cette
histoire, se tenait, courageuse, la petite chaumière de celle que l’on disait Sorcière.
L’hiver s’éternisait. Les paysans, que les loups avaient refoulés du seul gisement de bois
chaud de la région, se maintenaient tièdes en jouant en cadence, tantôt de leurs penchants
fourchus, tantôt à se chevaucher langoureusement.
Il en résultait un effet que l’on aurait pu envisager poindre au comique, si la situation ne
s’annonçait pas si brûlante, contraste désiré, pour la Sorcière.
Cerise, calfeutrée sur le poêle à braises qui lui rappelait son père, regardait longuement
au-travers de la petite fenêtre biscornue, tout en chantonnant sur la vitre des fleurs de
givre éphémères.
En contrebas se dessinait pastels les monticules doucement brodés des toits enneigés du
village. On y devinait, par l’intermittence des lumières qui remontaient jusqu’à elle après
avoir cheminé au-travers des vitraux sales des maisons, que la cadence se faisait de plus
en plus anarchique, et que bientôt, tombée au paroxysme de ce qu’il est permis
d’entendre d’un rythme, les habitants, peut-être encore enfourchés, finiraient par se ruer
sur la Sorcière pour récupérer un ersatz de dignité.
Dignitaire ainsi un matin enfourcha sa monture pour venir s’enquérir de la masse de la
Sorcière. Il grelottait sous le porche et tâtait, ses mains prises de tremblement
spasmodiques, les bras secs de la Sorcière.
Encouragé, il la prévint alors du passage, sous trois jours, des préposés au fagotage,
l’avertissant dans la même phrase, ce qui faisait une phrase tout de même assez longue
pour ne pas être retranscrite ici, de la possibilité de retour de la marchandise, ou de son
entreposage, selon l’humidité constatée à réception, dans l’une des oubliettes du pays,
car il aurait été certainement malvenu d’intoxiquer les villageois en les fumigeant.
Cerise avait cessé de chanter, elle s’était posée délicatement sur l’épaule de la Sorcière,
et s’attendait à tout moment à voir l’homme se rompre le souffle d’éloquence, ce qui
n’arrivait pas, évitant ainsi à la Sorcière d’avoir à remédier à cette fracture, qui demeurait
un cas rare mais difficilement soignable.
Il quitta sans autre encombre que la sculpture de glace qui se figurait les allures de sa
monture, et ne la retrouvant pas, s’en retourna en taupe diligente jusqu’au village.
Il faisait doux encore dans la chaumière. Cerise, perchée toujours sur l’épaule à point de
la Sorcière, s’était remise à chanter, et des fleurs doucement chatoyantes coulaient des
murs, ou, fragilement craquantes, montaient sur les vitres. La sorcière, au tison, remuait
les braises, qui jouaient dans l’air avec les pétales chatoyants, et le chant de Cerise, de
plus en plus intense, finit par couvrir chaque surface de l’intérieur pour le plus grand
délice des abeilles.
Les trois jours passèrent ainsi, entre tison braisant et chant sur tons, abeilles joyeuses et
délicieuses veilles.
Au point culminant, celui qui précède le dénouement de cette histoire merveilleuse, Cerise
avait tant chanté que la maisonnette de paille s’était gonflée de pétales. Ces derniers,
humides et tempérés par le tison obtempérant les gestes de la Sorcière, s’étaient mis à
macérer, échappant quelques effluves suaves et surtout enclines à évaporer la plupart des
notions concrètes de tout individu raisonnablement équipé en la matière.
Cerise, tandis que la chaumière se gorgeait, voyait la Sorcière diminuer de concrétisme,
et à mesure que les vapeurs amplifiaient leur condensation, que la chaumière se faisait
dangereusement gonflée, la Sorcière discernait de moins en moins le tangible d’entre
l’absurde.
Ce faisant, Cerise, dans tout l’apanage de concrétisation qui lui était accordée par le
récit, fini par se volatiliser, et tandis qu’un courant d’air, apporté par les préposés au
fagotage, emportait par la porte ouverte les effluves de chant et de tison, Cerise avait
définitivement été dissoute dans l’absurdité de ce qui devait suivre.
La Sorcière, moelleusement imbibée, fût refusée en l’état pour un fagotage immédiat.
Mais l’hiver perdurant, les villageois la remirent, contre du bois à moitié de masse
imposée, au responsable de l’entreposage du pays.
Dans l’oubliette, il faisait sombre. La Sorcière y resta longtemps, jouant de mémoire
entre les braises enlevées par le tison qu’elle manipulait agilement, tandis que des fleurs
dansaient dans la chaumière.
Elle donna, avant qu’on ne la fagote, naissance à un tout petit bébé, si petit qu’il passa
inaperçu lorsqu’on emporta sa mère.
Loin de là, un berger, que les Loups de Montagne avaient amputé de ses moutons, s’était
mis en quête, après les avoir tous massacré sans artifice, de venir à bout des dernières
populations de dragon, que l’on disait éteintes, ce qui lui semblait peut probable étant
donné la nature concrète du dragon.
Et tandis qu’il agissait concrètement, il apparut à lui Cerise, qu’il prit pour fille.
Parce qu’à concret absurde absurde est concret ;
Parce qu’il importe si peu le moyen de la fin quand au moyen s’enchâsse la fin ;
Parce qu’il se faut parfois terminer sans être certain d’avoir vraiment parcouru ;
Cette merveilleuse troisième partie se défie de tout mot de la fin.
Il est un temps, les rideaux toujours lourds
Et les volutes d'encens qui flambent, ô jour
Ô joie des ivres qui se promettent encore
Qu'à la venue des vêpres s'accroche comme un fil
Demain
Toujours
Néant, quand prendras-tu leurs rires
Insouciance filandreuse aux heures où l'on se berce
D'arythmies farouches, lorsque nos reins soutiennent
Le cœur qui nous reste
Nos mains seraient-elles sèches ?
Nos yeux de pauvres pieux au comble des promesses
Semant l'inatteignable de sombres fleurs de cire
Le temps se fait maussade et l'homme se recule
S'éloignant de ses berges, peut-être craint-il de fondre
Aux rives vagissantes, peut-être croit-il la tombe
Un regain de tendresse
Ou bien il ne croit rien et craint tout à la fois
Tandis qu'il se déchausse acculant ses faiblesses
À l'oreille des autres
Laz Mars 2012
Elle restera longtemps l'effluve aux bras qui manquent
Le silence incessant des heures qui se mélangent
Les couloirs qui résonnent d'une absence pesante
Elle restera toujours un visage qui s'estompe
Et la nuit les rumeurs, les images qui la cherchent
Dans les moiteurs obscures des amours qui se perdent
Quand le soleil revient dispersant sa présence
Des larmes et des sanglots pour saluer l'aurore
Elle restera demain l'automne qui la rappelle
Les feuilles tombées en vain qui parsèment sa tombe
Son rire qui tremble encore, la tristesse qui s'assène
Sous les grands coups de pioches qui trompent la douleur
Le sommeil fragile, les ombres qui la prennent
Dans la candeur perdue du moindre de vos songes
Du moindre de vos rires, de la plus petite danse
Un souffle qui vous manque, un cri qui vous étrangle
Elle restera enfin celle qui vous ressemble
Et celle qui vous rassemble quand pèse la distance
Le bonheur esquissé au souvenir d'un jour
Elle soufflera ce jour une braise sous la cendre
Et quelques rêves d'elle qui prendra son envol
Chasseront de vos cœurs le plomb qui tant vous pèse
Les ombres dispersées dans les premières lueurs
Feront naître un matin un sourire à vos lèvres
Mars 2012
Au-dessus, des rescat-îles
Sont des mesures aux creuses absinthes
Pour qui s’enivre des fleurs osseuses ;
Lasses, les mains qu'un tremble feinte,
Défuntes ; Et les banquises que l'on macule
Entre toutes mers des biens, si sombres,
Gèlent à nos glaives, leurs laps, facondes,
Manquent de verbes ; Et nous, prospères,
Et nous ; Tandis que l'hymne étale
Sur nous de tans autres manières,
Qu'il n'est plus champs de yeuses
Si par-dessous, les rescat-îles,
Sont des abysses aux pieuses hortenses.
Mars 2012