Envie d'un spleen doux-amer
De voir les cimes et les frontières
De pays si lointain: folles chimères.
Conglomérat de sens aux maux incertains
Qui me prennent parfois par la main
Et m'entraînent les yeux embrumés
Au sommet de cavernes sans lumière.
Mais par quels sentiers suis-je passé?
Me serais-je, par hasard, égaré?
(Me voici gravant à l'encre de ma vie
Des mots, sans goût, d'une fadeur infini)
Aurais-je seulement rêvé ces je t'aime?
Ne serait-ce pas du pareil au même,
Que d'hurler auprès d'un lieu sans porte?
Qu'en sais-je et qu'importe!
Je laisse glisser ma danseuse, ma plume.
Comme une automate, une machine à vapeur,
D'écritures instinctives en envolées délirantes,
Elle file sans but sur le papier flétri
Elle s'effile, se défile, comme l'amour à mon coeur.
Je me demande si ce ne sont pas des pleurs.
La compréhension imaginaire d'une langue ahurie
N'aide qu'à l'oubli d'une idée inconsistante.
Poésie est-tu là? Poète? N'y songe même pas!
Expurgeant les mots; expiant les phrases
Vidant le presse-papier de mon emphase
Je n'ai rien fait d'autre ce soir
Que d'avoir foi en mon désespoir.
(Je m'amuse, m'abuse, m'enfume et assume
Mais cherchons toujours plus loin...)
Dans les tréfonds tortueux d'un monde d'extase
Dans les ressacs moribonds d'oubliettes centenaires.
Kaléidoscopes couturés de souvenirs rapiécés
De pierres à demi taillées, d'images grabataires,
De pensées perdues et de rêves sans fin,
Sans omettre, bien sûr, une dose d'horizons clandestins
Se perdant dans les tombeaux de mon pourpoint.
Dévergondé et dénudé au procès de mon infamie
Pliant sous les coups de vos cacophonies
L'esprit vide, le corps meurtri et tellement las!
Je céderai, cette nuit encore, à mon insalubre folie.
27/11/2007