Il créa l'étrange face, vert, regard
La bouche en pointe, un suçon taquin
Traça soudain un cou mince
Et déposa le tout sur une inspiration
Il fallait que la fine face trouve appuis
Une épaule chaude, puis une seconde
La deuxième vient tenir la blonde
La chevelure serpente sur l'ossature
À la poitrine, large et féconde
Il hôte un peu de chair
Travaille comme dans la pierre
En suivant chaque nerf
Restent deux seins, moulés dans ses paumes
Et dont les pointes tracent l'équerre
D'un muscle agile venu des côtes
Sur une douce chute de rein
Il fallait qu'elle possède de longs bras
Qu'à chaque geste l'ombre s'estompe
Et qu'en ses mains, placées en coupe
Son sexe docile se cache en vain
Contemplatif, il en devine les jambes
Le ciel et le sol, ils doivent s'y perdre
S'y perdre comme sur un fil
Déroulé à chaque pas
Il créa l'étrange face, le buste et le ventre
Les bras, les fesses et les jambes
Halluciné divin de l'acte créateur
Et dévot malandrin de sa seule main
Alors il eût fini, et d'une caresse vibrante
Voulut donner la vie comme à Sixtine
Un doigt à peine effleura la sculpture
Que sitôt se brisa la froide créature
Détail de la fresque ...